Quelles mobilités professionnelles après avoir enseigné ?


Cesser d'enseigner: beaucoup de professeurs y pensent, et peu franchissent le pas. C'est normal, inutile de vous culpabiliser. 

 

Dans toute idée de changement, chacun pense d'abord en effet à ce qu'il risque de perdre (son poste, sa sécurité d'emploi, son salaire fixe, la garantie de grimper d'un échelon à l'autre durant sa carrière, etc.), en oubliant ce qu'il pourrait y gagner (meilleures primes s'il travaille dans l'administration, sérénité d'esprit en rentrant chez lui puisque plus d'élèves agités ni irrespectueux, meilleure mobilité géographique, métier plus intéressant, etc.).

 

Tout changement implique un long processus de réflexion, et la maîtrise d'un ensemble de positions administratives liées au statut que vous possédez, que vous soyez professeur dans l'enseignement sous contrat (maître contractuel dans ce cas, considéré en CDI de droit public), fonctionnaire, ou contractuel de droit public en CDD.

 

Celles et ceux qui apprécient la sécurité de l'emploi feront tout pour la conserver. Ils passeront un concours, ou réaliseront différentes étapes en détachement. Ce sera une mobilité interne.

 

Celles et ceux qui ne s'attachent pas mordicus à la sécurité de l'emploi, auront plus d'options:

- concours, détachement

- disponibilité pour trouver un emploi dans le privé

- créer leur activité, quel qu'en soit le statut

 

Depuis 14 ans, nous conseillons des professeurs qui s'interrogent sur ce qu'ils pourraient faire d'autre, après avoir aimé enseigner, pour la plupart. Nous en accompagnons une partie vers son choix de reconversion. A aucun moment nous n'incitons à quoi que ce soit: c'est chacun qui choisit ce qui lui paraît bon pour lui/elle.

 

Evoluer professionnellement est un long chemin lorsque l'on a choisi de devenir prof, car il est difficile de s'extraire d'un tel métier, étant donné que la France conserve une tradition, a contrario de ses voisins en Europe, de refuser la mobilité tout au long de l'année en opposant ce que l'on appelle des "nécessités de service", un outil de GRH pour garantir qu'il y aura toujours un professeur des élèves. Un bilan professionnel est souvent indispensable pour savoir vers quoi évoluer.

 

C'est un métier où beaucoup de ceux qui ne l'aiment plus, s'y sentent "prisonniers", car les académies refusent beaucoup de choses par "nécessité de service", handicapant de nombreux projets de changement.

 

C'est la raison pour laquelle nous attirons votre attention sur ces éléments, fruits de notre expérience d'accueil de professeurs en mal-être au travail, plus de 75% des 16.600 qui nous ont contactés pour l'instant:

 

- Si vous sentez une vocation en vous, cela vaut vraiment la peine de passer un concours, que vous décidiez de devenir professeur des écoles, professeur certifié ou agrégé pour enseigner en collège ou en lycée. Ce métier vous apportera beaucoup et vous donnera accès à une grande diversité de fonctions, dès lors que vous aurez su diversifier vos compétences.

 

- Si vous envisagez ce métier pour vous y tester, si c'est juste par défaut d'autre chose, commencez par l'exercer comme contractuel. Car il vous suffira de rompre votre contrat pour rebondir ailleurs très vite, sans la contrainte d'une nécessité de service, tout au long de l'année. Les 3 fonctions publiques vont devoir renouveler 60% de leurs agents d'ici 25 ans, et beaucoup de contrats de 1 à 6 ans seront proposés. Ce n'est pas la garantie de l'emploi, mais ce sera une forme de stabilité temporaire, avec la possibilité de pouvoir changer d'emploi à tout moment de l'année, ce qui est interdit aux professeurs fonctionnaires jusqu'ici.

 



Notre 3e colloque du mercredi 15 juin 2016 a porté sur "Le potentiel opérationnel des compétences des enseignants : de la compétence pratiquée à la compétence transférée"


Les mobilités professionnelles des professeurs

Rémi BOYER : les compétences développées par les professeurs



Rémi BOYER : les compétences transférables des professeurs