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Patrice Romain a publié "Omerta dans l'Education nationale"


L'Education nationale c'est comme le Ministère de la Défense: la Grande Muette. Rien de doit filtrer de ce que subissent les professeurs de la part de leurs inspecteurs et de leur administration. Rien ne doit filtrer non plus de ce que subissent les personnels de direction et les inspecteurs de leur haute administration.

 

Et très rares sont les anciens cadres à la retraite qui osent briser ce silence insupportable, d'une administration où tous se serrent les coudes dans un univers inhumain.

 

Patrice ROMAIN en fait partie, c'est l'un des rares anciens cadres de direction à oser, à faire preuve de courage, loin de tous les lâches, les pleutres, les hypocrites, les carriéristes, les pervers narcissiques qu'il nous livre en pâture à nous en donner des sueurs froides comme dans nos pires cauchemars, grâce aux 4.000 témoignages collectés auprès de personnels de direction qui n'en peuvent plus. Georges FOTINOS en a maintes fois parlé dans toutes ses enquêtes (sur le burn-out des IEN et IA-IPR en 2016 par exemple, sur le moral des personnels de direction entre 2009 et 2016 également, sur la manière dont les "petites mains" sont gérées en administration, en 2022...).

 

Le livre de Patrice ROMAIN diffère de toute ce qui précède : libéré de son droit de réserve, il livre par de nombreux témoignages effarants, et pourtant bien réels, les pressions psychologiques de toutes sortes qui s'exercent au sein des différents rouages de l'Education nationale. 

 

Nous avons donc décidé de lui proposer cette interview.

 

Si tu es étudiant, 

si tu es salarié(e) en reconversion,

si tu es professeur en quête d'une évolution professionnelle comme personnel de direction, cadre administratif ou d'inspection 

si tu es personnel de direction,

si tu es inspecteur,

si tu es cadre d'administration,

 

... LIS SON LIVRE : "OMERTA dans l'EDUCATION NATIONALE. Les chefs d'établissement sortent du silence" (paru le 07.09.2023)

 

Car :

- soit tu découvriras un univers dont personne n'ose te parler, car la règle c'est le "pas de vague" pour ne faire peur à personne, et surtout pas aux candidats de moins en moins nombreux à vouloir passer des concours qui les affecteront pour les 2/3 loin de chez eux dans des académies (Créteil, Versailles, Paris) où leurs 2.000,00 € leur permettront à peine de vivre, 

 

- soit tu découvriras, alors que tu envisages de devenir "perdir", la manière dont sont gérés réellement les chefs d'établissement, par un haut management autoritariste inflexible, implacable,

 

- soit tu découvriras que tu en fais déjà partie, en te demandant, peut-être, nous l'espérons, comment tu peux contribuer toujours quotidiennement à "ça", depuis tant d'années, sans oser adopter un comportement différent de tes "collègues".

 

Pour qu'un système change et redevienne attractif, c'est de la base qui peut le changer, par sa masse, son collectif. Si la base de 1,390 million de personnes commence à penser autrement, à agir autrement dans son quotidien, positivement, plus humainement, alors les hauts fonctionnaires qui tiennent ce système d'une main de fer peuvent-ils progressivement se rendre compte qu'il leur faudra infléchir leur dictature managériale, s'ils ne veulent pas perdre la face. 

 

*** *** *** INTERVIEW d'AIDE AUX PROFS *** *** ***

 

Dans votre ouvrage, vous décrivez l'univers de la haute administration comme peuplé d'hypocrites, de pleutres, de menteurs, de pervers narcissiques... Comment se fait-il qu'ils y aient été recrutés, qu'ils y soient si nombreux, et pourquoi ce système encourage-t-il ce type de comportements ?

 

Les jurés des concours recrutent ceux qui leur ressemblent... Difficile de sortir du cercle infernal ! Un perdir qui obéit aveuglément est bien vu de la hiérarchie, donc évolue dans sa carrière. Cette même hiérarchie fait ensuite appel à lui pour faire partie d'un jury. Idem à l'étage du dessus... 

 

Que risque un IEN, un IA-IPR, un IGEN, un DASEN qui exerce des remontrances trop sévères en entretien à un professeur ? Et si le professeur se suicide après l'entretien disciplinaire ?

 

RIEN (tant que ça reste à l'oral, bien sûr) ! Si ça gronde trop au niveau syndical, il "risque" une entrevue avec le recteur (discussion amicale autour d'un café). Dans le pire des cas (mot accusateur avant un suicide par exemple), une mutation (de préférence assortie d'une promotion). Quant à l'IGEN, c'est impensable.

 

Qu'attend-t-on d'un personnel de direction au concours, et pourquoi sont-ils si mal considérés ensuite par la haute hiérarchie ? 

 

D'être un bon petit soldat aux ordres. Ils sont ensuite évidemment considérés comme tels ! 

 

Quelle proportion de perdir est heureuse au travail selon vous ?

 

Difficile de connaître le sentiment profond des personnels de direction : il y a tellement d'hypocrisie ! Les responsables du SNPDEN, chouchoutés par le ministère, sont heureux. Ceux qui adhèrent au système (haro sur les profs, écoute exclusive des parents et des élèves, pédagogisme effréné) s'y retrouvent également. Les autres sont schizophrènes, et par la-même mal dans leur peau...

 

=> lire à ce sujet les enquêtes de Georges FOTINOS, depuis plus de 40 ans, sur:

- les inspecteurs,

- les chefs d'établissements,

- les directeurs d'école,

- les professeurs,

- les agents administratifs.

 

Quel serait le mode de management idéal du point de vue d'un perdir ? Cela améliorerait-il le "bonheur au travail" des équipes des établissements comme souhaité par le Ministre ?

 

Un bon perdir fait entière confiance à "ses" professeurs et les soutient, afin d'en tirer le meilleur. Encore faut-il n'avoir que des enseignants sérieux et motivés ce qui, il faut aussi oser le dire, n'est pas toujours le cas. On aborde alors un autre problème, celui des vocations : actuellement, "n'importe qui" peut enseigner car la profession manque de candidats, notamment à cause des conditions de travail. Difficile d'effectuer une sélection !

 

A qui profite le "pas de vague", cette omerta qui sévit dans la haute administration ? Pourquoi craint-elle l'expression des dysfonctionnements ?

 

Le "pas de vague" permet au haut fonctionnaire de prouver à son chef qu'il est l'homme (ou la femme) de la situation, donc qu'on peut lui confier des responsabilités encore plus importantes. A contrario, des "vagues" prouvent que le haut fonctionnaire n'est pas capable de gérer un problème, donc est inapte à progresser dans sa carrière...

 

Quel intérêt la haute administration a-t-elle de fausser les résultats aux examens en demandant aux examinateurs d'être plus généreux ?

 

Le temps politique est bien plus court que le temps éducatif. Le ministre a besoin de résultats immédiats pour la victoire prochaine de son parti aux élections. De bons chiffres valident sa politique. Chaque année, dans chaque département, se réunissent des commissions qui déterminent le taux de "rattrapage" afin que le pourcentage de réussite à l'examen soit conforme à l'objectif. Qu'importe le niveau.

 

Qui dirige réellement l'Education nationale, et combien sont-ils à dominer la pyramide des 1,4 million d'exécutants ?

 

Quelques très hauts fonctionnaires et "pédagogues" du ministère, et, dans une moindre mesure, les syndicats. Je n'ai aucun chiffre à vous fournir, je ne suis jamais monté si haut ! 

 

Vous avez reçu 4.000 témoignages: de combien de départements ? Ce que vous avez constaté est-il révélateur de l'ensemble, ou symptomatique du fonctionnement délétère d'un seul ?

 

Je ne sais pas : je n'ai pas répertorié. Chaque anecdote du livre provient d'un perdir différent. Tout le territoire français est forcément représenté. De plus, je n'ai pas mis les témoignages qui présentaient trop de similitudes afin de ne pas lasser le lecteur.

 

Si vous étiez ministre, comment vous y prendriez-vous pour transformer radicalement ce mode de management, et que feriez-vous ?

 

Je commencerais par ne pas fixer d'objectifs chiffrés, qui engendrent trop de mensonges. Je demanderais aux hauts fonctionnaires de prendre leurs responsabilités. Plus aucune poussière sous le tapis. Diagnostic sans nier les problèmes... Et action ! Je leur préciserais aussi que la méritocratie n'est pas un gros mot !

 

Qu'est-ce qui pourrait redonner de l'attractivité au métier de professeur selon vous, dans le contexte managérial actuel ?

 

RIEN. Les professeurs réclament certes un meilleur salaire, mais ils veulent surtout qu'on les laisse travailler en paix, dans de bonnes conditions. Sans un virage à 180° du "management" actuel, on n'y arrivera pas.

 

Depuis septembre 2019 est née la "GRH de proximité": faut-il y croire ou est-ce juste pour rendre de nouveau le métier attractif ? Avez-vous reçu des exemples de sa mise en action ?

 

Je n'ai pas d'exemple de sa mise en action, mais vous savez très bien que l'EN est davantage réputée pour trouver de nouveaux sigles que pour faire preuve d'humanisme. Les profs de "mon" collège qui ont été insultés, menacés et frappés en 2020 ne vous diront pas autre chose ! Tant qu'on n'obligera pas la hiérarchie à changer de mentalité, les problèmes perdureront... 

 

 

Propos du psy d'un perdir : "L'Éducation nationale est l'institution qui broie le plus ses personnels"...

 

L'OUVRAGE

 

Les autres ouvrages de Patrice Romain

 

Ses dernières interviews dans les médias:

 

SUD-OUEST - L'EXPRESS -  TV MAGAZINE - CNEWS - SUD RADIO -

 

LE FIGARO- 

 

Un site web syndical sur l'OMERTA dans l'Education nationale

 

Témoignage le 24.10.2018 d'une enseignante sur cette Omerta

 


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