Les multiples facteurs de stress au sein du contexte scolaire génèrent des RPS:


Le sentiment d'avoir fait le tour du métier depuis fort longtemps engendre de la lassitude, de l'amertume, du découragement, de la démotivation, des déprimes...

 

L'énergie du professeur s'amenuise d'année en année en fin de carrière. Le professeur est toujours  à l'écoute, maîtrise sa discipline, remanie ses préparations de cours chaque année, tente de diversifier sa pédagogie, mais il est plus irritable et fatigable.

 

Entre 20 et 30 ans, les débuts dans le métier sont difficiles, et déjà plus de 9% de professeurs des écoles sont en burn-out d'après une étude réalisée en 2011 par Laurent Bergugnat. Le métier est prenant, entre la formation continue pour apprendre son métier, les cours à préparer, les copies à corriger, la crainte qu'inspire l'inspecteur et ses exigences, parfois ses propos humiliants (les témoignages sur 14 ans sont nombreux), l'attitude de l'équipe de direction de son établissement lorsqu'elle manque de bienveillance, d'écoute. Il n'y a pas "un" mais "des" métiers de professeurs. Selon l'affectation, un professeur se dira heureux, vivra le bonheur d'enseigner, tandis que d'autres chercheront à sortir de leur purgatoire. Le risque de l'endurer est plus important en zone urbaine, en établissement "siglé", et sur des postes de remplaçants, souvent très déstabilisants et peu valorisés, où la moyenne en poste est de 5 à 15 ans maintenant.

 

Entre 31 et 44 ans, c'est l'âge d'or du métier de professeur. La maîtrise de ses conceptions de cours est acquise, et l'énergie pour entreprendre des projets pédagogiques est entière. La créativité peut s'exprimer, diversifiée, autonome, et le professeur peut vivre alors un métier épanouissant, enrichissant, dès lors que ses élèves sont attentifs à ses efforts. Toutefois, certains professeurs rencontrent déjà des difficultés sans arriver à  les surmonter.

 

A 45-50 ans, le professeur sera de plus en plus gêné par les acouphènes s'il enseigne en Maternelle, en Primaire et au Collège. Les trousses qui tombent, les crayons qui tombent, les voix des élèves qui bavardent, sont autant de bruits pénibles tout au long d'une heure. Les tables sont trop petites pour que les élèves puissent étaler tout leur matériel pour les établissements qui ont conservé des livres et des cahiers. dans les établissements bien équipés en micro-ordinateurs et tablettes, enseigner est encore un plaisir, car moins de matériel tombera par terre. De l'automne au printemps, il attrapera facilement une angine, une grippe, une gastro-entérite, dans ce vivier bouillonnant de jeunesses qui véhiculent ces maladies saisonnières.

 

A partir de 50-55 ans, sa voix sera plus fatiguée, plus éraillée en fin de journée, avec des extinctions de voix récurrentes, alors que sa formation initiale ne lui aura pas enseigné à l'entretenir. C'est aussi à partir de cet âge que surviennent les problèmes de santé les plus importants. Un professeur dont la santé est fragile se sent rapidement déstabilisé, qui plus est si sa hiérarchie manque d'empathie à son égard, au lieu juste de se contenter de le remplacer, sans le juger.

 

A partir de 60 ans, le professeur "tiendra" jusqu'à sa retraite, qu'il espère la plus proche possible. Dès le retour d'une période de vacances, il se projettera vers la suivante, pour se motiver. Un agent administratif est incapable d'imaginer le stress que peut ressentir un professeur fatigué et en mauvaise santé psychologique et/ou physique, lui qui évolue dans des bureaux calmes, sans avoir à tenir tête à des publics qui lui manqueraient de respect. 

 

Au 21e siècle, bien plus qu'autrefois, la massification de l'enseignement conduit une très grande majorité d'élèves à poursuivre ses études jusqu'au Bac. Les professeurs qui ont enseigné avant les années 1980 ont eu un tout autre vécu du métier de professeur. C'était avant les consoles vidéo, avant les tablettes avant l'ordinateur, avant le smartphone.

 

Le degré d'attention des élèves s'est considérablement réduit. De plus en plus d'élèves ont aussi des profils spécifiques: autistes, TDAH, hyperactifs, dyslexiques, dyscalculiques, etc; tous mélangés dans les mêmes classes, et advienne que pourra. Le professeur doit faire preuve d'une grande créativité pour retenir leur attention, et conserver son autorité.



Le métier de professeur peut devenir usant psychologiquement:


Tous les témoignages que nous diffusons sont strictement anonymés, les prénoms changés. Ils proviennent des formulaires de contact que plus de 16.600 professeurs ont complété en nous contactant, et que nous avons ensuite conseillés bénévolement. Dans le cadre de témoignages relatifs à la santé, que nous ont confié les personnes sans que nous l'ayons demandé, nous avons renforcé cette anonymisation pour conserver la nature de leur souffrance au travail.


Sylviane, 31 ans, certifiée d’Italien depuis 8 ans à plein temps, avait le sentiment de régresser au niveau intellectuel quand elle a contacté Aide aux Profs :

 

"Même si mes rapports avec mes collègues et mes élèves sont bons, il ne m’arrive que très rarement de partir au lycée sans ressentir une terrible « boule au ventre ». En effet, j’ai très rapidement été démotivée vis-à-vis de mon métier qui ne m’a jamais apporté de satisfactions, hormis les échanges que je pouvais avoir avec les adolescents et les autres enseignants. Je n’ai pas une grande estime pour ce que je fais, et moins mon travail me demande d’efforts moins j’ai envie d’en fournir.

 

Aujourd’hui, j’éprouve un manque d’intérêt extrêmement angoissant et culpabilisant.

 

Les enseignants doivent avoir « la vocation » ; ce n’est malheureusement pas mon cas. Cette année, après 8 ans de carrière, je suis encore TZR affectée sur deux lycées professionnels (c’est la première fois que j’enseigne en LEP) et un collège. Il paraît que j’aurais pu refuser les postes en lycée professionnel… mais où m’aurait-on affectée alors ? Sur trois

collèges dans des quartiers difficiles ??? Aujourd’hui je suis consciente qu’il s’agit de l’un des rares métiers où l’on

n’évolue pas mais où l’on régresse, et pas seulement au niveau intellectuel. Une autre enseignante d’italien que je

connais, à quelques années de sa retraite, se retrouve cette année en lycée professionnel suite à une perte d’heures considérable sur son poste… Est-ce donc cela la sécurité de l’emploi ?"


Daniel, Professeur de SVT en lycée, 54 ans et 30 ans d’ancienneté, ressentait une accumulation de facteurs d'épuisement :

 

"Je suis devenu enseignant car il n’y avait pas de débouché dans ma spécialité (géologue). 

J’ai été MA plusieurs années avant d’avoir le CAPES puis l’agrégation. 

J’ai été surveillant au cours de mes études donc l’enseignement me semblait logique et accessible mais ce n’était pas une vocation.

 

J’arrive bientôt à 55 ans. Ce travail m’est devenu pénible du fait d’une accumulation progressive de choses : une lassitude, une motivation qui s’est étiolée, une inspection qui a freiné ma progression professionnelle, une hiérarchie déplaisante et indifférente, l’ingratitude des élèves et la suspicion de leurs parents, l’image négative des enseignants dans les médias bien relayés par les Politiques, le discours d’inspecteurs déconnectés de la réalité quotidienne de l’enseignement, le côté répétitif des programmes, des problèmes de voix récurrents… et surtout l’envie de faire autre chose : c'est-à-dire créer une petite maison d’édition.

 

J’ai demandé dans le cadre du CPF, des stages (privés) de formation sur le milieu de l’édition, mais la participation financière allouée par le rectorat était trop faible pour que j’y donne suite."


Nolwenn, 34 ans, Professeur des Écoles depuis 12 ans, déplorait le

manque de reconnaissance de son métier quand elle a contacté Aide aux Profs pour réaliser un Bilan Professionnel et prendre du recul sur son métier avant d'en changer:

 

"Mes motivations à quitter l’enseignement sont variées :

1) Je me rends compte qu’en vieillissant, je n’aurai plus du tout l’énergie requise pour tenir une classe. Déjà à 34 ans, il suffit d’être un peu patraque et fatiguée devant ses élèves pour se laisser déborder, alors avec l’âge et la fatigue des années je pressens que faire la classe va devenir une véritable corvée. Je préfère prendre les devants et me reconvertir avant d’en arriver là.

 

2) Je trouve que les enseignants manquent de reconnaissance pour leur travail et leur investissement. Je voudrai faire un

travail plus gratifiant. 

 

3) J’ai envie de voir autre chose. Je n’ai bien sûr pas fait le tour de tous les aspects de mon métier (je n’ai pas eu toutes les classes par exemple), mais je ressens le besoin de m’enrichir avec d’autres expériences, qui seraient plus valorisantes. Le monde des enseignants est assez fermé et étouffant : je veux changer d’air ! Je ne rencontre pas de réelle difficulté dans mon métier actuel, sauf une grande lassitude."

 


Jacques, 35 ans, agrégé de Lettres Modernes depuis 10 ans à plein temps, voulait «changer d’air» en nous contactant pour que nous l'aidions à changer de métier:

 

Je souhaite quitter l’Education nationale. Je cherche réellement un autre métier car je ne supporte plus les critiques faites à l’endroit de mon métier, je ne veux plus travailler en vain le week-end pour préparer des cours perçus comme inutiles par mes élèves, je veux changer d’air ! Et je veux des solutions rapides à mettre en oeuvre car je n’en peux plus."


Cleide, 35 ans, Professeur d’Anglais, enseignait à plein temps depuis 11 ans en nous contactant pour changer de voie:

 

"Cela fait maintenant 11 ans que je travaille en région parisienne, en lycée. J’aime ça même si ma relation à mon travail est assez ambiguë. C’est un peu l’amour vache, j’ai des hauts et des bas. Je travaille énormément, avant tout parce que j’aime ça et aussi

car j’ai réellement le désir de faire progresser mes élèves (qui me le rendent bien généralement). Mais ce métier prend trop de place dans ma vie privée, en effet il est impossible de faire la part des choses : quand est-ce que je suis au travail, quand est-ce que je n’y suis pas ? De plus, le sentiment d’impuissance prime dans cette corporation.

 

Les réformes s’enchaînent et l’anglais voit son nombre d’heures de cours se réduire comme une peau de chagrin (2h, 3h maxi en seconde d’où une multiplication de classes délicate à gérer : j’ai presque 200 élèves cette année !). Ajoutez à cela des différends avec un ou deux collègues qui ne veulent pas s’impliquer, qui comptent leurs efforts et vous reprochent les vôtres, malaise garanti ! Je suis curieuse, volontaire. Je suis partante pour de nombreux projets au lycée, j’ai le sens de l’organisation, du dialogue (je crois). Je pense donc pouvoir être capable d’exercer diverses tâches en dehors de mon métier d’enseignante. Mais où ? Comment ? Je ne rêve pas de gestion de personnel sinon j’aurais

envisagé le concours de direction. À part cet aspect, je peux m’intéresser à de nombreux domaines. Je parle l’anglais mais je ne tiens pas forcément à trouver un travail en rapport avec l’anglais. Je suis néanmoins consciente que cela peut représenter un atout. Je ne tiens pas non plus à quitter la fonction publique, je n’ai pas ce cran, la sécurité de l’emploi étant une chance de nos jours. Mais quitter l’éducation nationale ne me dérange pas du tout.

 

J’aime me sentir utile, aider les autres, me sentir efficace. Je pense pouvoir dire que je suis fiable et sérieuse. J’ai des enfants en bas-âge, je ne peux donc pas accepter tout et n’importe quoi comme reconversion, cela réduit certainement mon champ des possibles, mais je suis prête à revoir mon nombre de jours de vacances et pourquoi pas mon salaire (pas trop quand même !) si je suis sûre de changer."


Arnaud, 37 ans, certifié d’Anglais depuis 15 ans, appréhendait de poursuivre cette carrière linéaire d’enseignant jusqu’à sa retraite en contactant Aide aux Profs :

 

"Mes rapports d’inspection sont positifs et j’entretiens de bonnes relations avec mes classes. Cependant les conditions de travail ont beaucoup changé : les élèves n’ont en grande majorité absolument plus aucune motivation ; les problèmes de comportements sont de plus en plus fréquents et les enseignants sont de moins en moins soutenus par la hiérarchie. Face à ces problèmes, qui sont de plus en plus lourds à gérer au quotidien, et comme beaucoup de collègues de ma génération, je n’arrive plus à m’imaginer exerçant ce métier jusqu’à la retraite. "


Charlotte, 37 ans, Professeur de (…) depuis 13 ans, en disponibilité, se sentait "piégée par le système" :

 

"Dans l’Éducation Nationale depuis 13 ans, mon parcours professionnel se résume à des périodes d’activités (à temps partiel depuis la naissance de mes enfants mais en réalité surtout pour tenir bon dans ma classe), à des périodes de congés longue maladie (anxio-dépression). Pour moi cette «carrière» est un échec.

 

J’ai eu droit car j’étais en CLM à un bilan de compétences (pas concluant, on m’a dirigé vers la préparation du Capes

documentaliste, comme beaucoup d’enseignants par ailleurs), à un poste de réadaptation, et le référent en orientation pour les enseignants m’a gentiment invité à passer d’autres concours, à consulter la bourse interministérielle de l’emploi public. Mes 13 années sont catastrophiques. Depuis 2008 le corps enseignant souffre, je ressens de plus en plus d’agressivité, notamment dans les équipes pédagogiques, «diviser pour mieux régner» semble être le mot d’ordre. Je ne parlerai pas des conséquences sur les élèves et le lien avec les familles...

 

J’ai obtenu cette année une disponibilité afin de fuir ce milieu devenu anxiogène. Je me sens piégée !!! J’ai tellement d’amertume, de colère !!!!"


Pierre, 41 ans, enseignait l’Espagnol à plein temps depuis 14 ans et évoquait un « effet de lassitude » :

 

"Un effet de lassitude s’est installé ces derniers temps, l’impression d’être somme toute assez inutile car enseigner l’espagnol en langue vivante 2 n’est ni considéré par les élèves ni par la direction du lycée. De plus, je suis un professeur exigeant quant au travail des élèves, on me fait comprendre que je suis trop sévère dans la notation. C’est tout un ensemble de choses, en fait, qui me laisse aujourd’hui un arrière-goût amer.

 

Aussi, s’il me reste encore une vingtaine d’années d’activité, je souhaite trouver un domaine où je puisse utiliser mes langues (anglais-espagnol) car je suis titulaire d’une maîtrise LEA au départ. Une autre voie doit être possible, plus enrichissante que celle de professeur d’espagnol assez méprisé."


Valérie, 40 ans, était Professeur des Écoles depuis 15 ans à temps partiel, et avait le sentiment de n’être jamais sortie de l’école de sa vie :

 

"Après 15 ans d’exercice je m’interroge sur l’avenir de notre profession. J’enseigne en maternelle et je trouve les journées face aux enfants de plus en plus «fatigantes» et monotones. J’ai aussi enseigné en primaire mais le changement de niveau m’a

seulement remotivée pour une année... Certaines années sont mieux que d’autres en fonction des élèves, de leur nombre, des relations avec les parents, etc. Je crois que j’aimerai un travail un peu plus attrayant par sa diversité d’action, et plus en relation

avec des adultes. Mais voilà je ne suis finalement jamais sortie du système éducatif et je possède donc une très faible connaissance du milieu professionnel !"


Hélène, Professeur des écoles, 44 ans et 17 ans d’ancienneté,, sentait que ce métier était en train de la détruire psychologiquement, et qu'il était temps d'en changer :

 

"Je suis devenue enseignante puisque ma formation en sciences de l'éducation m'a ouvert assez facile tous ses portes et pourtant, je ne voulais surtout pas être enseignante à la base.

Je me suis dit en y entrant de façon définitive que cela durerait quelques années puis je me reconvertirais.

 

Au final, je suis restée un certain nombre d'années. Mais là je suis à bout, je crois que je suis en situation de burn-out et je ne veux plus de ce métier. J'ai beaucoup souffert dans ce métier à certaines périodes et là actuellement je souffre et j'en suis arrivée à un point de rupture.

 

Je m'imagine dans un métier qui me convienne davantage. J'aspire dans les années futures à être plus sereine et plus épanouie grâce à une nouvelle activité professionnelle et où je sois reconnue comme compétente. 

 

Ce métier d'enseignante m'a abîmée et m'a coupée du monde du fait du travail personnel qui ne prend jamais fin et du fait de mon mal-être et cette impression d'être une « impostrice » dans ce métier. Je n'ai jamais vraiment réussi à faire ma place et à être reconnue comme professionnelle. Et là je n'en peux plus et je n’en veux plus de ce métier.

 

Il faut que je réussisse à me reconvertir en ne me trompant pas cette fois-ci sur la voie professionnelle à suivre. Il faut que je franchisse le pas car je me dis que dans quelques années, cela sera trop tard. Si je reste dans l'enseignement, ce métier me détruira et je finirai par tomber véritablement malade."

 


Ariane, Professeur des écoles, 38 ans et 16 ans d’ancienneté, nous a contactés alors qu'elle se sentait épuisée par son métier :

 

"J'ai toujours voulu être "maîtresse" et surtout depuis le CM2. Personne ne m'en a dissuadé. La conseillère d'orientation du lycée ne m'a rien présenté d'autre comme métier puisque j'étais décidée. 

 

Seulement après 16 années je suis épuisée par ce métier. Je n'en peux plus des problèmes avec les familles, des élèves difficiles qui nous mangent toute notre énergie positive et des mauvaises expériences avec ma hiérarchie m'ont dégoûtée du système. Je n'ai plus envie d'y participer même si l'acte d'enseigner ne me déplaît pas foncièrement et si la direction d'école me pèse moins que la classe. J'ai l'impression d'avoir fait le tour et je n'ai plus confiance dans les progrès possibles du système pour m'acharner à y rester.

 

Des épreuves personnelles m'ont aussi amenée à me questionner sur le sens de ma vie et je ne peux plus aujourd'hui rester sans agir. J'ai besoin de couper le cordon et de vivre autre chose.

 

J'ai déjà fait la démarche de demander une année de disponibilité pour prendre le temps de me reposer et mûrir mes projets mais cette demande a été rejetée il y a deux jours pour « nécessité de service ». Etant dans un département déficitaire, je crains de me voir refuser cette dispo chaque année. Me voici dans une impasse où les portes sont fermées. Je cherche la fenêtre qui pourrait s'ouvrir... J'ai 39 ans cet été. Je ne veux pas trop dépasser 40 ans pour engager ma reconversion".


Eléonore, 41 ans, Professeur des Écoles depuis 12 ans, en avait ras-le-bol et se sentait perdue :

 

"Après avoir enseigné trois ans en ZEP, j’ai pris cinq ans de disponibilité. J’ai repris un poste dans l’éducation nationale depuis quatre ans. Mais je ne supporte plus le métier pour diverses raisons : élèves durs, parents difficiles, hiérarchie qui ne nous aide pas, programmes lourds, paperasses inutiles et pourtant obligatoires, des heures et des heures de travail pour des élèves qui ne veulent pas travailler... bref un ras-le-bol évident : j’en peux plus. Je veux changer de travail mais je ne sais rien faire d’autre...je suis perdue et j’ai besoin d’aide."


Hubert, 45 ans, Professeur de Mathématiques certifié depuis 20 ans, se sentait de plus en plus sclérosé :

 

"Les principaux avantages sont la souplesse de l’emploi du temps adapté à ma vie de famille avec de jeunes enfants, la sécurité de l’emploi (un seul salaire pour le moment), la liberté dans le travail.

 

Ce qui me pousse cependant à être tenté par le risque d’une nouvelle carrière est le sentiment de sclérose dans l’enseignement, le manque de l’intérêt de mes élèves, les effectifs lourds et une Education Nationale sans projet, sans respect non plus pour son personnel".


Claire, 43 ans, enseignait la Physique-Chimie en lycée depuis 19 ans, et s’estimait de moins en moins patiente au fil des ans :

 

"J’ai presque 20 ans de carrière, mais depuis quelques années je ressens un grand décalage avec les jeunes générations, qui s’accentue ; mon métier me parait de + en + ingrat en comparaison de l’investissement personnel fourni. Ras-le-bol des classes à 40 élèves, impossible de travailler correctement et de motiver les troupes, ras-le-bol des classes de niveau, j’ai l’impression d’être sans cesse en train de préparer des cours pour m’adapter à mon public, j’ai envie d’une seconde carrière ou je peux laisser mon boulot à la porte de la maison le soir. J’aime toujours préparer mes cours et essayer de transmettre mes connaissances mais je suis de moins en moins patiente !

 

Bref depuis 2 voire 3 ans l’idée d’un nouveau travail occupe mes pensées. Je suis également prête à me passer des vacances scolaires si au final je peux passer mes WE [week-ends] avec mes enfants et à autre chose que de corriger des copies ou préparer mes cours !"


René, 48 ans, Instituteur depuis 26 ans, a aimé son métier, mais y ressentait au fil des ans un sentiment d’usure :

 

"Les premières années de mon métier d’instituteur m’ont apporté beaucoup de satisfactions, au contact des différentes classes où j’ai enseigné. Cependant, au fil du temps, et à la suite d’expériences difficiles dans des classes où je n’ai pas réussi à résoudre mes problèmes d’autorité, ni à me motiver suffisamment pour enseigner de manière efficace, j’ai peu à peu abandonné l’espoir de m’épanouir en tant qu’enseignant.

 

En tant que remplaçant, j’échappais à la gestion d’une classe à l’année, à la tension nerveuse et à la charge croissante de travail que cela implique. Au fil des années, j’ai perdu la motivation nécessaire pour être enseignant. Je suis arrivé à la conclusion que je ne suis plus fait pour ce métier, j’ai un sentiment d’usure et je suis décidé à changer."


Amandine, 48 ans, PLP Lettres-Anglais depuis 19 ans en lycée professionnel, se sentait submergée par l’accumulation de facteurs de contrariétés :

 

"La dégradation du niveau des élèves et la trop grande hétérogénéité des classes, couplé au manque de régularité du travail des élèves (+ qu’avant), le taux d’absentéisme font qu’on se retrouve dans l’impossibilité de dispenser un enseignement suivi, de qualité et cohérent et ceux qui veulent et peuvent suivre se

retrouvent noyés dans la masse qui ralentit la classe par son manque de travail et par son indiscipline.

 

En tant qu’enseignant, on se sent devenir inutile et impuissant, on se décourage et on a de la compassion pour ses élèves, sans pouvoir faire grand chose pour eux. L’incapacité de l’administration à gérer les élèves perturbateurs même si nous arrivons à en réorienter certains. Le manque d’écoute et de respect. Difficultés à m’adapter aux nouvelles technologies pas tant par manque de pratique mais j’ai dû me battre au quotidien pour obtenir du matériel et le faire

installer, alors que les nouveaux programmes de Bac Pro 3 ans prônent leur utilisation ; les méandres de l’administration

sont désespérantes.

 

Je ne raconterai pas les détails, l’espèce de « fatalisme » qui gagne tout le monde aussi bien les enseignants, l’administration et forcément les élèves. Un sentiment grandissant d’inutilité, de dépense d’énergie pour rien, alors que cette énergie pourrait être mieux utilisée. Je suis évidemment prête à avoir moins de vacances et travailler plus et aussi gagner plus mais qu’au moins la frontière travail – maison soit plus marquée. La répétitivité de la tâche et le manque flagrant de diversification de notre travail, je ne comprends pas que l’EN ne donne pas plus la possibilité de faire du tutorat aux professeurs seniors. Et il faut le dire le «corporatisme » de certains collègues !

 

Comme si le boulot de prof était à vie et le seul boulot possibleET AUSSI, je supporte de moins en moins d’être perpétuellement exposée à un public, ça ne me convient plus et c’est peut-être la motivation principale."


Benjamin, 51 ans, agrégé de Physique, enseignait à plein temps depuis 22 ans, avait choisi d’enseigner par vocation, mais le système qu’il jugeait peu valorisant l’incitait à changer de voie :

 

"J’ai choisi ce métier pour enseigner, transmettre des savoirs et des valeurs. Je ne me reconnais plus dans l’orientation prise depuis quelques années, la dérive marchande de nos institutions, la mise en avant d’un pédagogisme qui n’a plus rien à voir avec la pédagogie. Je suis fatigué des classes surchargées, de la surcharge artificielle de travail, du manque de reconnaissance, d’un environnement administratif de plus en plus incompétent et inhumain....".


Edwige, Professeur des écoles, 53 ans, 9 ans d’ancienneté, a cherché de l'aide auprès de son Rectorat, sans en trouver, ce qui l'a conduite à nous contacter:

 

"Mes parents étaient enseignants, ils vivaient bien leur profession, j'y voyais un exemple de métier enrichissant et intéressant. 

Mon BAFA m'a permis de faire beaucoup d'animation avant de devenir professeur.

J'aimais beaucoup le travail avec les jeunes enfants, plein de spontanéité, de gaieté, d’énergie et de richesse, exercer en maternelle me permettait de mêler création et travail avec les enfants. 

 

Aujourd’hui, j'ai 53 ans et je dois travailler jusqu'à 67 ans pour valider mes annuités pour la retraite, je suis très fatiguée :

1/ Par le bruit. Je ne sais pas, je ne sais plus gérer cette chose, qui me stresse énormément.

2/ Par la grande énergie qu'il faut déployer. Chaque jour, être dynamique, souriante, disponible, de bonne humeur... innovant, motivant... auprès de 30 enfants et leurs parents.

3/ Par tout le travail demandé. Qui n'est jamais terminé, ni suffisant ... qui remet en cause, qui remet en question sans cesse.

4/ Par tous ces programmes qui changent, ces évaluations, ces programmations, ces inspections, ces réformes... 

5/ Par toutes ces réunions, ces dossiers, ces projets à rendre, à remplir.

6/ Par toutes ces soirées et ces week-ends pendant lesquels je reste devant mon ordinateur à réfléchir de manière de moins en moins efficace à la suite de la semaine, de l'année qui avance et qui se répète.

 

J'ai déjà essayé à trois reprises au Rectorat de rencontrer des personnes qui pourraient m'aider, mais cela s'est toujours soldé par un échec.

 

 J’ai rencontré la psychologue du rectorat aussi, qui après deux heures d’entretien m'a dit que je pouvais continuer comme cela mais que je devais ménager du temps pour moi, pour des activités qui me font plaisir. Je ne suis pas avancée du tout avec cette réponse et mon malaise et mal-être persiste."


CES TEMOIGNAGES SONT UN ECHANTILLON, NON EXHAUSTIF

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