Une formation inadaptée au terrain déstabilise rapidement le professeur:


Un enseignant lâché sur le terrain sans conseils pratiques est rapidement confronté aux difficultés d’ordre disciplinaire, pour savoir comment « gérer » sa classe, et faire face aux imprévus liés au caractère de chacun de ses élèves, qui repèrent très vite un enseignant inexpérimenté, donc facile à déstabiliser.

 

L’enseignant bardé de diplômes et féru de savoirs académiques n’est plus certain d’obtenir l’attention de son public, il doit s’adapter à des élèves dont les centres d’intérêts et les habitudes évoluent très vite. Il lui faut à la fois avoir le sens de l’humour, savoir prendre au second degré les remarques des élèves, pour apprendre à dédramatiser toutes les situations et éviter de se sentir la cible de leurs critiques. Les jeunes enseignants mériteraient des enseignements destinés à leur transmettre les « recettes de l’expérience » des professeurs expérimentés, pour apprendre dès leur premier cours à être respectés de leurs élèves, et donc écoutés, pour bien vivre leur métier.

 

Le manque de professionnalisation, pour « tenir sa classe », conduit rapidement les enseignants dans toutes sortes de difficultés :

 

- Trop souvent, l’enseignant oublie que sa voix est un outil essentiel, qu’il faut apprendre à travailler régulièrement pour éviter que son mauvais usage devienne source de souffrance physique et psychique, en fonction de sa tessiture. Les femmes possédant une voix aiguë sont souvent plus fatiguées en fin de journée que les hommes avec une voix grave. Savoir comme un comédien porter sa voix au fond de sa classe sans se fatiguer, apprendre à bien respirer pour évacuer un éventuel stress, savoir utiliser différentes intonations pour mieux retenir l’attention des élèves, en fuyant le débit monocorde, tout cela s’apprend.

 

- Les bavardages s’accentuent au fil des semaines pour aboutir à des chahuts en classe quand l’enseignant est trop timoré pour demander à ses élèves de se taire, en se contentant de leur demander de « baisser le ton ». Pire, celui qui feint de n’avoir rien entendu en poursuivant, inébranlable, son cours, s’expose à une souffrance ordinaire récurrente à court et moyen terme, facteur de déprime. Les élèves en profitent très vite, et n’ont aucune pitié pour les enseignants qui ne savent pas instaurer des règles précises.

 

- Les enseignants concernés par cette difficulté sont affectés par des insomnies, cauchemardent sur les élèves qui leur rendent la vie difficile, et vont au travail d’un jour à l’autre l’estomac noué, avec « une boule au ventre », « l’envie de vomir », et confient « prendre des somnifères pour tenir le coup ». Un enseignant fréquemment débordé par ses élèves perd rapidement toute confiance en lui et toute estime de lui, notamment dans ses compétences à pouvoir «renverser la situation tout seul ». Il est donc dépendant de la plus ou moins bonne compréhension de ses collègues enseignants et de l’attitude de sa hiérarchie, et donc très vulnérable psychologiquement. Un contexte tendu dans son couple – le cas échéant - ou toute autre situation personnelle source de difficultés, viendra renforcer cette situation déstabilisante.

 

L’indiscipline courante des élèves en classe mine de nombreux enseignants sur le moyen terme, les

 incitant à changer de voie, par résignation plus que par envie.

 



Témoignages de professeurs minés par leurs élèves en école, collège, lycée


Tous les témoignages que nous diffusons sont strictement anonymés, les prénoms changés. Ils proviennent des formulaires de contact que plus de 16.600 professeurs ont complété en nous contactant, et que nous avons ensuite conseillés bénévolement. Dans le cadre de témoignages relatifs à la santé, que nous ont confié les personnes sans que nous l'ayons demandé, nous avons renforcé cette anonymisation pour conserver la nature de leur souffrance au travail.


Sophie, 39 ans, qui enseigne les Lettres Modernes en collège depuis 16 ans, a toujours enseigné dans des établissements non « classés », mais n’en a pas moins rencontré des difficultés :

 

"J’ai toujours enseigné avec une certaine anxiété, liée, entre autre, à la peur de ne pas tenir mes classes. Ces trois dernières années, la discipline à maintenir au jour le jour, jusqu’à la fin de l’année, m’a épuisée et m’a déstabilisée. J’ai eu l’impression d’avoir

perdu en constance, en autorité. L’an dernier, la saturation est allée loin : écoeurement, nausées et angoisses avant les cours, avec beaucoup trop d’heures de préparation et état de tension extrême. Malgré mon état de tension très important

et une fatigue nerveuse non négligeable l’an dernier, je n’ai jamais été en congé maladie. Cependant j’ai décidé de cesser ce métier qui me met à mal et j’ai perdu l’envie d’aller faire cours...".


Gérard, 54 ans, enseigne l’Histoire-Géographie en collège depuis 30 ans, et semble arrivé à saturation :

 

"Ce n’est pas le désordre ni le souk en cours, mais je ne supporte plus de devoir de plus en plus cadrer, menacer, sanctionner, répondre à l’insolence, à la mauvaise foi et aux incivilitésJe rame de plus en plus pour obtenir une relative concentration et

le ramassage de travaux les plus simples et courts possibles et ce que j’arrivais bien à encaisser et contrôler, je le fais avec moins d’efficacité, énergie et conviction.

 

Sensation d’enfermement, de routine aussi. Je risque de finir l’année avec pénibilité, car en difficultés pour raisons de santé et aussi par ras-le-bol et usure ou en tout cas j’envisage sérieusement de faire autre chose l’an prochain ou d’être à mi-temps pour pouvoir préparer une reconversion".


Noémie, 37 ans, enseigne depuis 7 ans comme Professeur des Écoles en ZEP, et se sent dévalorisée professionnellement, du fait des difficultés qu’elle rencontre. Elle ne manquait pourtant pas de qualifications qui lui auraient permis de s’épanouir autrement (Doctorat ès-sciences) :

 

Je ne me sens plus à ma place dans une salle de classe. J’ai l’impression de ne pas être là où je devrais. De me mentir à moi-même et à mes élèves. Je vais travailler la boule au ventre depuis 2 ans déjà. J’exprime une certaine « gêne » à parler de mon travail lors d’une discussion avec mes amis. J’aimerais trouver un

emploi qui me corresponde mieux, dont je serais fière. Je crains d’avoir « perdu » toutes les compétences que j’avais développées durant mes études et ne plus savoir faire autre chose qu’enseigner. Je me sens actuellement complètement désemparée, comme si je m’étais laissée « avoir » par ce métier."


Jean-Paul, 40 ans, Professeur certifié de Sciences Physiques depuis 10 ans, se sent débordé par la préparation des cours, dont l’impact auprès des élèves varie selon leur humeur collective :

 

"Je n’arrive pas à gérer les frustrations du métier, qui m’épuisent nerveusement et retentissent sur ma vie personnelle. Je dors mal la veille de chaque journée de cours et n’arrive pas à «décrocher» et à me détendre une fois qu’elle est terminée, stressant déjà en pensant à la suivante, ou bien même à la prochaine rentrée quand je suis en vacances. Ce stress s’applique en premier lieu à la PRÉPARATION des cours, qui me «prend la tête» constamment, m’obsède mentalement à un point que vous ne pouvez imaginer. Je me rends malade du fait que ce ne sera jamais assez bien, que ce ne sera jamais parfait… En plus, en physique chimie, il faut aussi penser au matériel à sortir, est-ce que je n’ai rien oublié, etc."


Djamila, 31 ans, 8 ans d’enseignement, Professeur certifiée de Lettres Classiques en collège, est déjà écoeurée de son métier, lorsqu'elle nous contacte, elle qui indiquait l’avoir choisi pour « l’envie de transmettre un savoir, d’aider les élèves à trouver à l’école les ressources nécessaires à leur formation individuelle » :

 

"Je ne supporte plus d’être sans cesse sur le qui-vive, de toujours rappeler les élèves à l’ordre (casquettes, chewing-gums, se tenir correctement, parler poliment), d’éduquer les enfants des autres en leur apprenant les bases du savoir-

vivre, de voir que l’égalité des chances n’est qu’un leurreles moyennes de français de mes élèves vont de 0,46 (si, si) à 19,5 et les meilleurs de mes élèves n’ont pas accès à l’enseignement qu’ils mériteraient d’avoir parce que je dois faire cours pour tout le monde, et essayer de faire progresser les élèves tangents, qui le plus souvent n’en ont aucune envie. Au final, je me sens complètement inutile : si face à moi, les élèves travaillent, rien n’est repris à la maison, ce qui a pour résultat que leurs écrits sont toujours autant criblés d’horreurs : ils ne maîtrisent pas leur propre langue, et s’en moquent totalement. Je suis écoeurée par ce métier et déjà épuisée. Je n’ai tout simplement plus l’envie d’enseigner, ou plutôt de batailler pour pouvoir enseigner."


Sadok, 30 ans, enseigne les Lettres Modernes depuis 4 ans. Son haut niveau de qualification, en comparaison des conditions de travail qui lui sont imposées, explique aisément sa volonté de quitter l’enseignement :

 

"Après avoir obtenu mon doctorat, j’ai passé et obtenu le capes. J’ai été nommé TZR en région parisienne, les conditions de travail ne me conviennent absolument pas (violence, absence de perspective de carrière et d’épanouissement intellectuel). Je souhaite travailler avec des adultes (j’avais déjà enseigné à l’étranger, mais à l’université). Je suis très attiré par les métiers du livre (petite expérience de travail en bibliothèque universitaire) et surtout par tout travail ayant un lien avec la rédaction ou la culture."


Marie-Claire, 40 ans, enseignait les Mathématiques en lycée depuis 15 ans, et évoquait clairement la pénibilité de ce métier sur le moyen terme, au contact d’élèves de plus en plus volatils dans leur comportement, et de parents de plus en plus exigeants :

 

"J’ai pris conscience que je ne pourrais pas « durer » très longtemps encore dans les conditions d’enseignement actuelles, et avec la manière dont j’exerce ce métier. Je me sens de plus en plus épuisée, par la charge de travail à la maison, par l’énergie déployée en classe pour faire travailler des élèves de plus en plus passifs, et consommateurs, avec des parents de plus en plus critiques, qui nous prennent pour des boucs-émissaires, en nous reprochant de reproduire, sans doute, les failles de leur éducation.

 

Je réagis de plus en plus impulsivement aux incivilités, aux manques de respect, hélas de plus en plus nombreux. Quand tout va bien, j’ai de plus en plus la sensation d’être vampirisée par une horde d’élèves individualistes, posant 10 fois les mêmes questions sans écouter les réponses, puisqu’ils reposeront la même question un peu plus tard...et d’être en contact avec 150 individus réclamant mon attention dans une même journée m’apparaît aujourd’hui comme un cauchemar...

 

Effectivement, je veux fuir cette situation que je ne crois pas pouvoir supporter très longtemps encore ... "


Serge, 45 ans, était Instituteur et Directeur d’école depuis 24 ans, et

évoquait « un cercle infernal, qui n’en finit jamais » :

 

"Je suis actuellement instituteur et directeur d’une école élémentaire de quelques classes. J’ai d’ailleurs passé la majorité de ma carrière avec des fonctions de direction. Depuis plusieurs années, j’envisage de changer de métier car je n’ai plus de motivation et supporte de moins en moins la pression, les menaces des parents d’élèves et des supérieurs. Rien n’est jamais acquis de ce côté-là, malgré ma stabilité dans l’école où je travaille. C’est comme un cercle infernal qui n’en finit

jamais. Ayant encore subi des menaces de parents d’élèves cette semaine, je suis parfois prêt à tout larguer! La seule chose qui me retient étant ma famille et mes trois enfants.

 

Je pense qu’il est temps que je quitte ce métier d’enseignant qui me détruit de plus en plus vite."


Michelle, 45 ans, 16 ans d’enseignement comme Professeur agrégée de Lettres Classiques elle aussi en collège, a le sentiment de jouer un rôle qui ne lui ressemble pas :

 

"Je veux fuir une situation que je ne supporte plus. Dès mes premières années d’enseignement, l’autorité a été un problème pour moi, et ce problème va empirant.

 

Depuis quelque temps, j’ai vraiment pris conscience que je ne voulais pas me forcer

à exercer cette autorité, que je ne veux pas jouer un personnage qui ne me correspond pas, bref que je ne veux pas jouer un rôle que je n’aime pas. Je me sens bien plus à l’aise dans une relation uniquement d’aide, de partage, d’écoute."


Michel, 37 ans, Professeur certifié d’Histoire-Géographie depuis

14 ans, partait travailler « la boule au ventre » lui aussi avant qu'Aide aux Profs l'accompagne vers autre chose :

 

"Aujourd’hui, dans un contexte de « durcissement » des conditions de travail, j’éprouve des doutes quant à ma capacité à continuer ce métier. Face à des classes de plus en plus chargées, avec des élèves en échec scolaire de plus en plus nombreux, confronté à des incivilités quotidiennes, je ne suis plus du tout motivé.

 

J’ai de plus en plus de mal à supporter la vulgarité, le manque d’éducation, la paresse de ces élèves. Je crois que de plus en plus, il faudra être véritablement passionné par le métier pour « tenir ». Il faut s’investir pleinement dans la transmission des connaissances, des compétences et des « savoir-vivre », et ne jamais se décourager devant le manque de résultats ou l’ingratitude des élèves.

 

Je n’ai jamais eu de vocation à enseigner, et je me sens encore moins l’âme d’un éducateur ou d’un animateur. Je ne «crois » tout simplement pas en ma mission et je ne travaille que par sens du devoir et pour gagner ma vie. Certes, je prépare mes cours sérieusement et je suis respecté par la plupart de mes élèves, mais je n’éprouve que très rarement du plaisir à être en classe. Ayant toujours un peu « peur » de mes élèves, je vais souvent travailler avec une boule au ventre. J’ai tendance à être très autoritaire et je ne les laisse pas vraiment « vivre » ou s’exprimer pendant mes cours. Je ne sais pas vraiment les écouter ni leur parler dés lors que je sors du « cadre » que j’avais prévu.

 

Et lorsque je suis face à une classe difficile, peu obéissante et bavarde, chaque heure de cours est une épreuve à laquelle je me prépare longtemps à l’avance. Les élèves avec qui je suis en conflit m’obsèdent et m’empêchent de me consacrer aux autres, qui ont pourtant besoin d’attention. J’accueille avec soulagement les journées banalisées et les journées de formation qui me permettent de ne pas être devant les élèves, et je suis content lorsque j’apprends que le ramassage scolaire est annulé à cause du mauvais temps… Il me semble aujourd’hui nécessaire de «faire le point» sur ma carrière et sur mes compétences afin de voir s’il m’est possible d’envisager une seconde carrière car je ne me vois pas continuer très longtemps comme cela, en étant aussi peu motivé."


Mélanie, 31 ans, enseignait l’Espagnol en collège depuis 10 ans à plein temps, et a le sentiment d’avoir attendu trop longtemps avant de changer de voie :

 

"Le métier d’enseignant ne me convient pas. J’ai persisté pensant qu’avec de l’expérience le métier finirait par me plaire. Mais c’est le contraire : j’ai des soucis de santé depuis que je travaille (gros problèmes digestifs, insomnie). Je suis angoissée tous les matins, j’appréhende le face-à-face avec les élèves, les situations conflictuelles auxquelles je dois faire faceLa préparation des cours et les copies à corriger ne me motivent pas non plus. C’est pourquoi je souhaiterais changer de métier."


Frédéric, 54 ans, était Professeur d’Histoire-Géographie en collège et lycée depuis 22 ans et faisait le lien entre le stress qu’il éprouvait au travail, et la dégradation de son état de santé :

 

"J’ai exercé dans environ 15 établissements différents, majoritairement en ZEP. La motivation de changer de carrière répond dans un premier temps à une nécessité de préserver ma santé, car gérer l’indiscipline et le stress dans la conduite de plus en difficile de mes classes a des répercussions de plus en plus éprouvantes et graves sur mon état général.

 

Aujourd’hui cela devient impérieux de changer de voie et je suis prêt à sauter le pas, à avoir beaucoup moins de vacances, à gagner moins, à bouger dans le département, voire la région et de temps en temps ailleurs, à suivre des formations, à vendre des choses personnelles ou faire un prêt si cela était nécessaire. Mais pour quel projet ? Quel(s)

métier(s)à envisager ?"


Odile, 24 ans, est Professeur certifiée de Mathématiques depuis 2 ans seulement quand elle nous contacte, et ses angoisses lui ont fait perdre 10 kg :

 

"Je vis une année très difficile en tant que néo titulaire. Je viens de commencer le métier et j’ai déjà une boule au ventre lorsqu’il faut aller au travail. J’ai été formée avec des 6e durant mon année de stage et ça s’est très bien passé. Mais cette année je suis en région parisienne, loin de ma famille et de mon compagnon, resté à 600 km de là où j’ai réalisé mon année de stage. De plus, j’ai des 4e et 5e et je n’arrive pas à m’imposer.

 

Du coup, je le vis très mal (médicaments contre l’anxiété, 2 semaines d’arrêt, 10 kg de perdus ...). Ce soir je suis encore une fois rentrée en me disant que je voulais arrêter ce travail mais faute d’idée et de moyens je ne peux me le permettre. À ce rythme je ne finirai peut-être pas l’année en tant que professeur."


Sylvie, professeur des écoles, 50 ans, 22 ans d’ancienneté, trouvait que les élèves n'étaient plus du tout les mêmes qu'autrefois

 

Depuis plusieurs années, les enfants sont de moins en moins "élevés" correctement par leurs parents, je trouve que mon rôle est d'enseigner et non pas d'éduquer. Je suis très fatiguée (l'âge y fait aussi sans doute), je suis sous anti-dépresseur (sinon, je ne supporte pas les élèves) et je me suis mise à mi-temps depuis 4 ans (également pour les gros soucis de santé de mon fils).

 

Je souhaite donc quitter l'Education Nationale pour préserver ma santé et pour vivre de ma passion, car le chant est une vraie passion contrariée depuis ma jeunesse. A 50 ans, j'ai le sentiment que c'est "maintenant ou jamais".

 

Il me faut du courage, car je suis de nature anxieuse et le statut de fonctionnaire est rassurant (mais aussi très lourd et paralysant...). Le quitter est un grand saut dans l'inconnu.

 

Il me faut recréer un réseau professionnel rapidement, pour ne pas me sentir isolée (la formation que je suis actuellement pourra me servir aussi en ce sens).

 

II me faut connaître les modalités administratives au niveau de l'Education Nationale (au début, je ne vais sans doute pas tout lâcher d'un coup, et continuer un an ou deux, ou plus, à mi-temps) et également les modalités administratives pour créer une autoentreprise, la gérer.

Il me faut savoir comment créer un site Internet efficace pour me faire connaître, me créer une clientèle, etc...

 

 


Chantal, Professeur de Lettres en collège, 36 ans et 9 ans d’ancienneté, n'en pouvait plus des rapports de force avec les élèves pour arriver à enseigner :

 

"Je suis devenue enseignante car mes deux parents l'étaient et qu'une formation universitaire littéraire mène presque exclusivement au professorat.

 

Mais l'Education Nationale est de plus en plus exigeante envers son personnel et de moins en moins envers les élèves. Je déplore le laxisme institutionnel, autant au niveau scolaire qu'au niveau comportemental. Selon la direction des établissements, on ne prend pas en compte le fait que nous n'avons jamais été formés au niveau psychologique et social pour gérer des situations sociales, familiales et des comportements déviants très perturbateurs et ingérables dans des classes surchargées.

 

Je ne cautionne pas du tout le collège unique qui n'est pas un gage de réussite pour tous, mais de nivellement par le bas. Je pense que les élèves devraient bénéficier d'un suivi psycho-pédagogique individualisé et de voies professionnalisantes dès l'entrée au collège.

 

Je pense que ma personnalité est davantage adaptée à une communication de proximité, à une aide individualisée qu'à une relation en groupe très élargi. Je suis très calme et posée. Je déteste le bruit, les conflits humains et les rapports de force.

 

J'ai deux enfants en très bas âge, donc j'ai besoin d'être libre pour eux quand je rentre du travail car il est très difficile de gérer mon travail de préparation et le fait de m'occuper d'eux."


Anita, 37 ans, certifiée de Mathématiques depuis 12 ans, enseignait

à plein temps quand elle a contacté Aide aux Profs :

 

"J’enseigne en lycée et j’ai toujours eu des difficultés à gérer mes classes.

Mes débuts en collège ont été très durs : j’étais chahutée.

 

Depuis, je n’ai cessé de me former (stages de gestion de classe et du stress). Mais cela reste dur. Je suis assez épuisée nerveusement quand cela s’est mal passé avec une classe. Je me remets en cause et me dévalorise."


Sydra, Professeur d’Education Physique et Sportive (EPS), 29 ans et 7 ans d’ancienneté, était découragée par la relation avec ses élèves :

 

"Le souhait de devenir enseignante s'est naturellement présenté à moi en classe de 5è, lorsque j'ai eu de bons professeurs d'EPS mais surtout , sportive depuis mon plus jeune âge, cela me paraissait cohérent d'en faire mon métier. 

 

Après 7 années d'enseignement en REP+, je me rends compte que ce métier ne me correspond pas (ou plus). En effet, le bruit perpétuel, l'agitation des élèves, le sentiment d'inutilité dans ce système d'éducation, la pression toujours plus forte des résultats parfois au détriment des élèves et tout simplement, le contact avec des adolescents sont autant d'éléments devenus, pour ma part, insupportables au quotidien. 

 

J'en arrive au point où je ne supporte plus la moindre parole, le moindre geste chez les élèves. Bien que les cours se passent plutôt bien, je ne me sens pas à ma place en face d'élèves et ne ressens aucun plaisir à faire cours, à transmettre, à répéter sans cesse les mêmes choses, cette impression de régresser m'est insupportable. 

 

De fait, j'en arrive au point où me lever le matin devient un calvaire car ce travail ne me correspond pas du tout. Enfin, l'absence de perspective d'évolution dans ce métier ne me convient pas et je ne m'imagine pas continuer à faire semblant d'avoir "le plus beau métier du monde".

 

Je m'imagine dans 10 ans, détendue, apaisée, sereine, épanouie, en contact avec des adultes dans une entreprise avec des perspectives d'évolution. Avoir un travail qui ne me rendrait ni stressée, ni ne me ferait culpabiliser de ne servir à rien et pour lequel j'aurai plaisir à me lever le matin.  Une chose est sûre : je serais incapable d'effectuer la prochaine rentrée scolaire."


Martine, professeur de Lettres, 41 ans, 16 ans d’ancienneté, n'en pouvait plus des rapports de force avec les élèves pour retenir leur attention

 

Maintenant, je ne pense plus pouvoir faire ce pourquoi j'ai choisi ce métier. Tout se passe dans le rapport de force, je ne parviens pas à vraiment intéresser les élèves, à créer chez eux le désir d'écouter ou d'apprendre quelque chose et le système, ainsi que la société me renvoie une image souvent dégradée de mon métier. Je ne me sens pas soutenue et j'en ai assez de me battre contre des moulins.

 

 


Alizée, 30 ans, Professeur des Écoles depuis 5 ans à plein temps, va enseigner la « peur au ventre », et se sentait prisonnière de son emploi avant que nos bénévoles l'accompagnent vers sa disponibilité :

 

"J’enseigne en école primaire depuis maintenant 5 ans et je pense de plus en plus à une reconversion ou à une mise en disponibilité pour réfléchirLe paradoxe est que je me débrouille assez bien dans ce travail, toutes mes visites, et ma première inspection se sont bien passées. J’ai de bons rapports avec mes collègues et malgré le fait que j’ai eu, au cours de ces 5 années, des élèves plus ou moins difficiles, voire

très difficiles, je «tiens» bien mes classes, je les fais avancer.

 

Mais je me sens de plus en plus angoissée et déprimée par ce que je fais. Je n’ai plus d’envie ou de motivation à préparer mes cours, je n’ai jamais envie de me lever le matin pour aller travailler, et j’ai souvent cette peur au ventre, ce sentiment que je dois affronter des élèves ou que je dois me mettre en scène alors que je n’en ai pas envie. Je crois que j’aimerais avoir un métier moins stressant (...mais quel métier n’est pas stressant de nos jours ?) malgré les avantages que ce métier comporte. J’ai du mal à gérer mes émotions et je suis souvent en larmes avant de partir le matin, même si les journées se passent plutôt bien de manière générale. Je ne sais pas si j’ai plutôt besoin d’une aide psychologique ou d’une reconversion, mais je me sens en ce moment prisonnière de mon emploi. J’ai pensé à me mettre à mi-temps mais il est très difficile d’obtenir un temps partiel lorsqu’on n’a pas d’enfant, ce qui est mon cas."


Line, Professeur de Lettres Modernes en lycée, 28 ans, 4 ans d’ancienneté, était déçue par le niveau des élèves, en regard de ce que sa formation avait exigé d'elle :

 

"J'ai commencé par suivre un parcours tout à fait académique : je suis passée par les classes préparatoires (hypokhâgne, khâgne) et ai pu intégrer l'ENS Ulm. Malheureusement mon passage dans cette école n'a pas tenu ses promesses pour moi : je n'ai pas trouvé ma place dans le milieu de la recherche universitaire (en lettres modernes) et ai obliqué vers un master professionnel après des années (parfois difficiles psychologiquement) en master recherche. 

Le choix de l'enseignement a surtout été un choix par défaut : passer le CAPES s'est présenté comme une façon sûre et simple de trouver un emploi rapidement alors que je ne voulais pas prolonger davantage mes études.

Je souhaite quitter l'Education Nationale pour différentes raisons. 

 

Pour commencer, je me désintéresse progressivement de ma propre matière, les contenus des programmes et les exercices demandés aux élèves me convainquent peu... De plus, l'écart entre le niveau des élèves parfois alarmant et les attentes des examens auxquels on doit les préparer me font souvent me sentir dans une situation intenable.  D'une manière générale, je garde le sentiment de faire ce métier "en attendant", mais pas pour de bon. Je ne me reconnais pas vraiment dans ce métier, je n'arrive pas à entrer totalement dans mon rôle de professeur.  

 

Mais ce qui m'a réellement décidée à quitter l'Education Nationale a été la découverte d'une voie professionnelle qui m'enthousiasme réellement. Passionnée de couture, j'ai découvert une école qui forme au métier de tailleur et qui assure des débouchés dans le secteur du luxe. En effet, ce secteur peine à trouver des ouvriers qualifiés et ce sont les tailleurs eux-mêmes qui ont créé leur propre école afin de subvenir à leurs besoins de main d'oeuvre. Une visite chez eux lors de journées portes ouvertes a été le déclic qui m'a donné l'envie de me donner les moyens de faire d'une passion un métier."

 


Aline, 30 ans, enseigne l’espagnol en collège depuis 7 ans et nous contacte pour démissionner pour aller s'épanouir ailleurs :

 

"Je me rends compte que je travaille dans un système qui ne me convient pas. Si certains élèves et parents sont reconnaissants a posteriori j’ai souvent l’impression que mon investissement n’est jamais reconnu ni suffisant.

 

Les enfants sont des clients rois avec lesquels la relation est compliquée et de plus en plus violente même si cette violence n’est pas dirigée contre moi. Idem avec les parents. J’ai eu trente ans cette année et la sensation que ce mal-être devait cesser, que je pouvais me sentir mieux en faisant autre chose avant de finir comme bien des collègues, qui subissent leur métier d’année en année, avec la peur au ventre de pouvoir en changer un jour : mes collègues sont tous résignés, incompétents, désinvestis, aigris. Je n’ai vraiment pas envie de devenir comme eux… ".


Myriane, 33 ans, était certifiée de Sciences Physiques depuis 7 ans, à plein temps, et finissait par « ressentir de la haine » pour ses élèves bavards :

 

"Cela fait maintenant 7 ans que j’enseigne et je n’en peux plus !!

 

Je ne me sens pas dans mon élément, je me trouve nulle et inutile. On ne donne pas de cours, on fait sans cesse la police pour se faire renvoyer par les élèves eux-mêmes.

 

Le pire dans tout ça c’est que je n’enseigne pas dans un établissement difficile. Les

relations avec les élèves me répugnent, je finis par les haïr, je n’ai plus envie de les voir. Au jour d’aujourd’hui je veux

faire autre chose, mais je ne sais pas quoi faire !! Au cours de mes études, jamais je n’aurais pensé enseigner un jour, j’ai un diplôme d’ingénieur (à quoi peut-il me servir aujourd’hui ?) Que puis-je faire ?"


Mireille, 37 ans, Professeure certifiée de SVT en collège depuis 13 ans, ressent cette pesanteur de devoir fréquemment renouveler ses cours, malgré l’expérience acquise :

 

"Plus les années passent, moins j’ai le goût, la patience, l’énergie pour enseigner. Gérer des classes me pèse de plus en plus, corriger des copies à la chaîne me pèse aussi de

plus en plus. Je m’implique beaucoup dans la préparation des cours (modifications d’une année sur l’autre et diversification des supports pour tenter de motiver davantage d’élèves) mais j’ai l’impression croissante que c’est inutile."


Gaëlle, 35 ans, 6 ans d’enseignement, Professeur des Écoles, titulaire d’un Master2 Professionnel en Communication, n’a plus de prise sur ses élèves en classe, et se sent de plus en plus incompétente, la raison pour laquelle elle veut quitter l'enseignement au plus tôt :

 

" Je rencontre des difficultés organisationnelles en étant affectée sur 4 quarts de temps par l’Inspection Académique, qui reste sourde à mes demandes de temps partiel ou de mi-temps. Je rencontre depuis plusieurs années des difficultés de discipline dans une école avec des élèves en grandes difficultés sociales et scolaires en CE1 et CE2 : insultes permanentes entre élèves, bagarres notamment dans la classe rendant presque impossible la conduite de classe. Ceci est le déclencheur de mon désir de reconversion, car je n’en peux plus, je vais à mon travail la boule au ventre, mes élèves me donnent envie de vomir."


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