Aurélie LOUVEL, ancienne professeur Documentaliste, est devenue Bibliothérapeute


Aurélie LOUVEL avait contacté AIDE AUX PROFS pour être conseillée dans sa demande d'Indemnité pour Rupture Conventionnelle (IRC) dans le courant de l'année 2021-2022.

 

 

 

 

 

 

Quel a été votre parcours de carrière depuis la fin de vos études, et quel plaisir avez-vous trouvé dans chacune des étapes réalisées ?

 

Après mon Master en Lettres, j’ai obtenu le Capes de Documentation. Toutefois, depuis le Bac je m'intéressais aux liens établis entre lecture et soin. C’est en Licence de Lettres que j’ai découvert la bibliothérapie et que les prémices de mon projet ont peu à peu émergé.

Durant mes études j’ai effectué quelques jobs étudiants dont bibliothécaire à Sciences Po durant une année scolaire, ce fut assez enrichissant même si je préférais m’adresser à un public jeune. Mon tout premier job étudiant fut celui de lectrice de manuscrits pour un membre de la célèbre famille GALLIMARD, durant plusieurs années je lisais et faisais un compte-rendu sur chaque manuscrit qui avait été envoyé à la petite maison d’édition. Ce fut une expérience très enrichissante notamment d’un point de vue relationnel lors de nos échanges littéraires sur l’histoire des éditions GALLIMARD.

 

Dès ma première année de Professeur Documentaliste stagiaire je me suis très vite intéressée à l’art-thérapie qui rejoignait sur divers aspects ma passion pour la bibliothérapie. En tant que professeure j’ai très vite pu constater les bienfaits que pouvaient apporter à mes élèves à la fois l’espace du CDI, les histoires et la créativité.

 

Trois ans après ma titularisation je me suis formée par correspondance pour être médiathécaire bénévole en milieu hospitalier. Mon projet Bibliothérapie jeunesse© a vu le jour officiellement en 2016, suite à la publication d’un article dans la revue Intercdi consacré à la bibliothérapie au CDI.

 

Suite à cet article, j’ai été appelée à être formatrice en Suisse le temps d’une journée, deux années consécutives pour former des bibliothécaires à ma pratique. J’ai également créé une formation e-learning pour “Aménager un coin lecture” à destination des bénévoles du Samu Social de Bibliothèques sans frontières. Cette expérience m’a beaucoup plû car j’aime transmettre et partager.

 

 

Mon projet a ensuite eu de plus en plus de visibilité via les différents articles publiés dans les revues “Bibliothèque(s)” (ABF), “Livre Hebdos”, “Santé magazine”…etc

 

Il s’en est suivi un contrat d’édition avec DUNOD pour écrire un livre sur la bibliothérapie jeunesse  en 2021.

La même année j’ai suivi un court module introductif au “Journal créatif©” d’Anne-Marie JOBIN et l’année suivante je me suis formée durant un an et demi à l’art-thérapie contemporaine© qui marqua un tournant dans ma prise de décision pour quitter l’éducation nationale.

 

J’ai alors pris conscience que ma place se situait davantage dans le champ thérapeutique et créatif que du côté de la pédagogie, telle que pratiquée en tant que professeure. Animer des ateliers bibliocréatifs était épanouissant à la fois pour mes élèves et pour moi, c’était en quelque sorte ma “bouffée d’oxygène” dans un quotidien qui ne me convenait plus du tout. 

 

Vous avez réalisé votre rupture conventionnelle à la rentrée 2022 pour monter votre auto-entreprise. Comment s'est déroulé ce changement, d'un emploi public au salaire garanti, à un revenu aléatoire ?

 

Mon projet en bibliothérapie prenait de plus en plus d’ampleur suite aux différents articles publiés, ma visibilité sur les réseaux sociaux et mon site, ainsi que la publication de mon livre. De plus en plus de personnes prenaient contact avec moi pour avoir des conseils pour mettre en place des animations et / ou se former à la pratique.

 

Ma formation en art-thérapie a été déterminante puisque j’ai pris conscience à ce moment-là que je souhaitais développer davantage mon projet et que mon métier actuel ainsi que les conditions de travail me freinaient. Sauter le pas n’a pas été si simple car la sécurité de l’emploi ainsi que mon contexte familial avec deux enfants en bas-âge me retenaient. Puis, au fur et à mesure, la sécurité a été relayée au second plan, laissant place à l'épanouissement qui était devenu ma priorité.

 

La rupture conventionnelle m’est apparue alors comme étant la meilleure solution pour à la fois quitter le métier sereinement tout en assurant mes arrières avec à la fois l’indemnité et  l’ouverture des droits aux allocations chômage durant deux ans. 

 

Ma demande a été acceptée au premier septembre 2022, je me suis inscrite à Pôle emploi le même mois et j’ai créé ma micro-entreprise le mois suivant.

 

Les premiers temps m’ont permis de mettre en place mon nouveau métier : animations, ateliers et formations en ligne tout en bénéficiant de mes allocations chômage.

 

Depuis le lancement de mes formations en avril,  je peux vivre totalement de ma nouvelle activité et je gagne davantage que lorsque j’étais professeure. Mon revenu mensuel a augmenté de  65% sur une année complète en travaillant seulement 5 mois, charges et impôts déduits de mon chiffre d'affaires. (en lissant sur 12 mois mes revenus touchés en 5 mois (toutes charges et impôts déduits, donc revenu net) en me basant sur mon salaire de professeur à temps complet et en REP + (donc avec 300 € environ par mois de plus qu’un autre professeur qui exercerait hors établissement REP+). Mon revenu mensuel calculé est basé sur mes animations d’ateliers et notamment mes formations puisque 5 sessions soit 5 mois de formations m’apportent un revenu mensuel de 65% de plus que lorsque j’étais professeure. 

 

Pour ce qui est de l’activité d’animatrice d’ateliers Bibliocréatifs il est possible d’en vivre sur la base d’un complément de salaire à une autre activité. En réalisant 5 ateliers bibliocréatifs par mois cela nous rémunère un peu moins de 1000,00 € charges déduites. Si on obtient des contrats en structures (établissements, crèches, associations, structures hospitalières etc) et qu’on réalise des ateliers plus fréquemment il est possible d’en vivre. De même, il reste important de varier les missions, il est tout à fait envisageable d’animer des ateliers  et de proposer en complément des séances individuelles, ce qui au final peut constituer un salaire complet. 

 

En quoi consiste votre métier et votre quotidien ?

 

Mon métier consiste à mettre en place des animations qui mêlent bienfaits de la lecture et créativité auprès des enfants. Je développe mon projet au quotidien : ateliers pour les tout-petits, les enfants, les adolescents et prochainement pour un public féminin. Je communique également beaucoup sur les réseaux sociaux et accompagne les personnes désireuses de mettre en place des actions en lien avec mon projet.

 

Au quotidien, mon métier est multiple : animatrice d’ateliers, organisatrice d’évènements, auteure (deuxième livre en cours en rédaction), intervenante conférencière, conceptrice et formatrice en ligne, formatrice en présentiel auprès de structures, je dois également m’occuper de toutes les tâches administratives et de la comptabilité puisque je gère tout moi-même.

 

C’est beaucoup de travail au quotidien, mais vivre de ma passion et être libre de mettre en place ce qui m’anime depuis toujours est un rêve qui se réalise et l’organisation se fait petit à petit. Je loue un bureau deux journées par semaine dans un espace de coworking avec d’autres praticiennes ce qui permet aussi de maintenir du lien et d’enrichir mes pratiques. L’avantage étant aussi de pouvoir s’organiser soi-même et d’avoir l’opportunité de se libérer du temps quand on le souhaite, sans avoir à demander l'autorisation au préalable à qui que ce soit.

 

Le fait de bénéficier du chômage m’offre aussi la liberté de pouvoir faire une pause, de prendre des vacances et de mettre en off mon activité tout en étant rémunérée par le Pôle emploi (nos droits sont prolongés les mois où nous ne touchons rien).

 

Dans quels contextes (métiers, animations) les personnes que vous formez pourront utiliser ce que vous leur apprenez ? 

 

Les personnes formées à l’animation d’ateliers Bibliothérapie jeunesse© peuvent proposer leurs services dans le cadre de leur activité principale, ce qui permet de varier et d’enrichir leurs missions, tandis que pour d’autres s’il s’agit d’une reconversion, elles pourront mettre en place des ateliers auprès des particuliers et/ ou via des structures telles que : bibliothèques, librairies, crèches, établissements scolaires, centres de loisir, structures artistiques et culturelles, associations…

 

Ma formation permet d’avoir toutes les clefs en main pour se lancer, soit dans le cadre de son métier actuel, soit en cumul d’activité, ou soit dans le cadre d’un projet de reconversion. 

 

Quels publics sont d'ordinaire demandeurs de cette formation et quel intérêt y trouvent-ils ?

 

90% du public intéressé par ma formation est issu de l’enseignement et de l’éducation (professeurs du premier et du second degré, professeurs documentalistes…), les autres participants sont issus du secteur des métiers du livre ou de l’animation culturelle. Quelques-uns sont issus du secteur de la santé et des thérapies (art-thérapeutes, sophrologues, orthophonistes, psychologues..).

 

Quelles perspectives voyez-vous dans l'activité de bibliothérapeute jeunesse ?

 

La bibliothérapie existe depuis bien longtemps mais ces dernières années on assiste à un véritable engouement pour cette pratique, et ce pour diverses raisons : les enfants se trouvent malheureusement de plus en plus en souffrance, les adultes aussi et on s’intéresse de plus en plus au bien-être et à l’épanouissement personnel.

 

Accompagner les enfants dans ce chemin par les bienfaits que peuvent apporter à la fois les histoires et la créativité est un moyen d’agir en ce sens, tout en restant dans le cadre qui est le nôtre. De plus, mettre en place de tels projets contribue également à son propre épanouissement personnel puisque cela donne ou redonne sens à certaines valeurs qui sont parfois mises en  arrière-plan dans certains secteurs.  Ces dernières années, l’accent est mis sur les actions pouvant permettre d’accompagner au mieux les enfants dans leur développement. C’est ce que permet la mise en place de ce projet qui mêle plaisir de la lecture, bien-être et créativité. La pratique étant encore peu connue en France, on peut la comparer à l’art-thérapie à ses débuts qui n’était pas reconnue. Depuis quelques années, les thérapies créatives connaissent un essor considérable, et certaines formations sont désormais reconnues par France compétences. Je suis convaincue que la bibliothérapie connaîtra ce même essor et que la pratique se diffusera et rayonnera de plus en plus, cela commence d’ailleurs à être déjà le cas. 

 

Quelles compétences essentielles doit posséder, en pré-requis une personne qui souhaite réaliser votre formation ? Quelles seront ses compétences acquises en fin de formation ?

 

Les participants à ma formation ont déjà tous travaillé au préalable avec un public jeunesse, qu’il s’agisse de tout-petits, d’enfants ou d’adolescents.

 

Les compétences essentielles pour se former : être curieux et désireux d’apprendre, être créatif (nous le sommes tous mais parfois nous l’oublions) avoir un intérêt certain pour la littérature jeunesse, et surtout avoir le sens des relations humaines car le relationnel est au cœur de cette pratique.

 

Découvrez ici le partenariat qu'Aurélie LOUVEL a réalisé avec l'association AIDE AUX PROFS pour ses adhérents

en option APRES PROF.

 


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