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Professeur contractuel, ou fonctionnaire ? Points communs et différence


La période 2023-2045 est très favorable à ceux qui exerceront comme professeurs contractuels: ils pourront saisir les meilleures opportunités à tout moment de l'année

 

Par son concours, l'étudiant ou le salarié en reconversion sera coincé dans un système managérial qui lui refuse beaucoup trop souvent ses demandes de congé formation, de mi-temps, de temps partiel (surtout s'il est célibataire ou que ses enfants ont plus de 3 ans), de détachement hors enseignement, de disponibilité, de démission ou de rupture conventionnelle.

 

Ceux devenus professeurs par concours sont dans la majorité des cas déracinés de leur commune de résidence, pour les professeurs de collège et de lycée, pour être affectés à l'autre bout de la France dans les académies les plus demandeuses de professeurs, là où gagner un salaire de professeur les place immédiatement dans une situation de précarité, même à Bac+5: CRETEIL, VERSAILLES, PARIS.

 

Loyers élevés, embouteillages fréquents, vols et délinquance plus importants que partout ailleurs en France, prix élevés de l'alimentation et de tous types de services et de produits, puisque c'est la capitale où près de 20% de la population française est concentrée.

 

EN 2022 l'inflation a dépassé les 6% et en février 2023 elle atteint déjà 7,2% en France. Elle sera encore plus importante en mars 2023 avec des prix alimentaires qui explosent. Les conséquences de la guerre en Ukraine commencent déjà à se faire sentir: les stocks de céréales de l'union européenne s'épuisent, et personne ne prévient les populations que la persistance du conflit en Ukraine va entraîner des récoltes de céréales bien moins importantes que les années précédentes pour le "grenier à céréales de l'Europe".

 

Les pays d'Afrique du Nord (comme la Libye, l'Egypte, la Tunisie) et le Proche-Orient (Azerbaïdjan, Yémen, Liban) seront les premiers à en souffrir, ainsi que l'Arménie, la Géorgie. Même si l'Ukraine constitue 3% des surfaces mondiales de blé, Ukraine et Russie représentaient jusqu'à début 2022 les principaux pays exportateurs de cette céréale, avec 23% des exportations mondiales, soit 7% de la consommation mondiale.

 

Le pouvoir d'achat de tout salarié en France va sérieusement diminuer au fil de l'augmentation des prix alimentaires, que le Gouvernement n'a pas décidé d'endiguer. Il eut été aisé pour le Gouvernement d'exiger le maintien des prix pour "un caddie de base" sur des aliments de base, mais ce sont tous les ménages qui vont en pâtir, et vivre en ville deviendra hors de portée pour bon nombre de travailleurs précaires.

 

Aussi les professeurs contractuels, pas coincés par un concours qui coince dans un statut certes sécurisé mais figé dont il sera difficile de repartir, sont en fait devenus ceux qui auront la meilleure position comme professeurs:

- ils bénéficient de la période du papy boom où les emplois ne vont pas manquer, avec de plus en plus de secteurs en tension, et des entreprises qui augmenteront bien plus que l'inflation, les salaires de leurs employés

- ils pourront faire jouer l'offre et la demande, en postulant sur les employeurs qui offrent les meilleures conditions de travail et salariales

- ils pourront choisir le département où ils souhaitent vivre

- ils pourront choisir 12 mois sur 12 la date de leur mobilité, alors que ceux qui se seront laissés tenter par une sécurité renforcée, ne seront pas autorisés de sitôt à quitter le métier de professeur.

 

Et l'Education nationale le sait: elle n'a pas d'autre choix, pour éviter un trop fort turn-over, que de proposer de multiples concours chaque année, quitte à en propose 2, 3 par an, peut-être 4 un jour...

 

La Gestion des Ressources Humaines de l'Education nationale, même "de proximité", espère juste que ceux qui entrent, ne ressortiront pas de sitôt. Ce système a contenté l'Etat et les syndicats pendant des décennies, mais ne satisfait plus les envies d'évolution professionnelle de ses salariés

 

L'Education nationale manquera de professeurs tant qu'elle ne facilitera pas dans sa gestion RH plusieurs possibilités de partir en cours d'année scolaire. Nous avions proposé en mai 2014 à Yannick TENNE, alors Directeur-adjoint de Cabinet de la Ministre George PAU-LANGEVIN, un processus tout-à-fait envisageable de mobilité en cours d'année des professeurs. Mais à l'époque, déjà, il était question de manque d'attractivité du métier de professeur, et notre proposition est restée lettre morte.

 

Lorsqu'un nouveau professeur, autrefois salarié dans le privé, s'aperçoit au moment où il voudrait repartir, qu'il est coincé, que son administration lui brandit une "nécessité de service" pour l'empêcher de repartir, il se sent prisonnier, comme "piégé". Et surtout, infantilisé, malgré son Master2.

 

Cette gestion RH d'une autre époque, celle où syndicats et ministères répétaient à qui mieux mieux que "le métier le plus beau du monde est un engagement à vie", ne répond plus du tout aux aspirations actuelles de ceux tentés de devenir professeurs. Et le nombre de candidats se tarit dans les concours, malgré les tentatives de les multiplier dans l'année.

 

Un métier où les DRH empêchent les salariés de partir quand ils le souhaitent ne peut pas être qualifié de "métier le plus beau du monde" mais juste de "quartier de haute sécurité"

 

La gestion RH doit aller beaucoup plus loin, doit être beaucoup plus ambitieuse qu'elle n'a pu l'être depuis l'existence de l'Education nationale, en acceptant les mobilités de ceux qui veulent la réaliser. Depuis 17 ans, AIDE AUX PROFS a formulé de nombreuses propositions en ce sens, à un système plus habitué à verrouiller les portes de sorties qu'à les ouvrir.

 

Un grand défi s'ouvre à la RH de l'Education nationale: arriver à ouvrir autant les portes d'entrée que les portes de sortie. Le job dating est une entrée trop brutale, avec un manque de formation. La formation lourde des INSPE ne convient plus aux enjeux actuels. Et il est étonnant que tous les hauts fonctionnaires en charge de la gestion des statistiques annuelles des départs en retraite n'aient pas anticipé ce qui se produit actuellement, comme s'ils avaient passé leur temps à gérer l'existant, sans surprise, dans la routine.

 

Pourtant notre association avait prévenu à plusieurs reprises qu'à partir du quinquennat 2017-2022, il y aurait des difficultés à recruter des professeurs, et que sans politique de flexibilité, la pénurie de futurs professeurs compétents et motivés sur le long terme, perdurerait.

 

Nous y sommes.

 

C'est le papy boom des salariés. 60% des salariés français partiront en retraite dans les 20 ans qui viennent. C'est un fantastique marché de l'emploi, le PLEIN EMPLOI, qui va se produire d'année en année, et l'Education nationale n'est pas prête. 

 

Les politiques, les gouvernements qui se sont succédé, n'ont pas bien anticipé, pas bien préparé le terrain. Les revalorisations financières sont très en-deçà de ce que les entreprises sont en capacité de proposer aux étudiants et entreprises qui cherchent des compétences tous azimuts.

 

Ceux qui s'orientent vers le métier d'enseignant savent que depuis des décennies, peu de choses changent:

- la masse des professeurs a toujours des conditions de travail difficiles avec des classes de plus en plus chargées, un manque de psychologues et de médecins du travail,

 

- la masse des professeurs est appelée plusieurs fois par an par leurs syndicats à descendre dans la rue pour interpeller les ministres qui se succèdent sur la question des salaires et des primes, toujours insuffisants: une vie active passée à faire grève chaque année pour espérer "gagner plus",

 

- la masse de ceux qui veulent faire autre chose, plus de 40% d'après toutes les enquêtes Carrefour-Santé/UNSA de ces 15 dernières années, ne cesse d'augmenter, et à peine 2% d'une génération de professeur pourra réellement faire autre chose dans le peu que l'Education nationale a à leur proposer: devenir inspecteur, chef d'établissement, DTFPT (ex chef de travaux, seul le sigle a changé), psychologue EN (ex conseiller d'orientation, seul l'intitulé a changé), CPE (ex surveillant général, seul l'intitulé a changé), attaché d'administration (aucun changement).

 

 Selon l'analyse d'AIDE AUX PROFS et notre expérience depuis 17 ans d'écoute, de conseil, d'accompagnement de professeurs à distance qui aspirent à évoluer professionnellement, seul un profond changement de la perception du métier de professeur par tous les acteurs qui ont eu intérêt à fixer 867.000 personnes le plus longtemps possible dans leur métier, peut faire évoluer les choses.

 

Le système de l'Education nationale conforte les intérêts financiers des:

 

- syndicats, qui se servent d'un métier dont il est difficile de partir, pour grossir leurs troupes de salariés mécontents, toute leur vie, de leur salaire et de leurs conditions de travail. Les syndicats font des professeurs des râleurs, jamais satisfaits quoi qu'on puisse leur donner.

 

- de mutuelles d'assurance, sur leur responsabilité de professeurs, pour les protéger; sur leur santé, pour les protéger, avec des cotisations qui ne font qu'augmenter alors que le remboursements sur les soins ne font que se réduire; sur leur lieu d'habitation  pour le protéger (locataire ou propriétaire), pour leur voiture et tous leurs autres biens,

 

- de banques mutualistes, pour les protéger, toujours...

 

Cette technique de la "protection" enferme les professeurs dans une bulle contre-productive, car beaucoup par flemme, oublient de comparer les prix, et pourrait se rendre compte qu'ils sont juste les vaches à lait et les serfs d'un système complexe, qui fonctionne en boucle, où chaque acteur économique a tout intérêt à ce que la majorité des professeurs soit recrutée toujours par concours.

 

Main d'oeuvre capturée, servile et asservie pour être captive, et faciliter la "gestion des ressources humaines" qui se limite à annoncer l'entrée dans l'échelon supérieur du précédent, ou à gérer les périodes de congés maladie, les accidents du travail, à émettre des "nécessités de service" pour "contenir contre leur gré les professeurs en poste", et à gérer les décès de toutes causes, et les départs en retraite.

 

L'Education nationale, dans notre pays, n'est pas prête à faire face aux conséquences induites par la profonde transformation du marché du travail, avec ces 2 décennies de PLEIN EMPLOI qui se profilent.

 

Seule une politique audacieuse, ambitieuse, de profonde réforme du recrutement, avec des formations moins longues, moins lourdes, retirées aux universitaires qui les ont trop chargées, tenant compte de la diversité des origines professionnelles des candidats, pourra redonner de l'attractivité au métier de professeur.

 

Et une vraie politique salariale ambitieuse aussi Celle proposée pour la rentrée 2023 compensera à peine l'inflation des années 2022 et 2023, en anticipant très mal celle des années 2024 et 2025. 

 

Comparatif des salaires des cadres jeunes diplômés d'un Master2 dans les entreprises privées, avec le salaire au niveau Master2 d'un professeur (Professeur des Ecoles ou Professeur Certifié/Professeur Agrégé), en 2022 : (source: letudiant.fr)

 

THEME DU MASTER 2


ADMINISTRATION DES ENTREPRISES

 

AFFAIRES-MANAGEMENT

 

BANQUE

 

COMMUNICATION

 

COMPTABILITE

 

DROIT

 

DROIT DES AFFAIRES

 

ECONOMIE

 

ECONOMIE INTERNATIONALE

 

FINANCE

 

GESTION

 

GESTION DE PATRIMOINE

 

MANAGEMENT PME-PMI

 

MANAGEMENT ET COMMERCE INTERNATIONAL

 

MARKETING

 

PSYCHOLOGIE-SOCIOLOGIE

 

RESSOURCES HUMAINES

 

ENSEIGNEMENT

SALAIRE DU DEBUTANT/an


34.820,00 € Bruts

 

 

34.820,00 € Bruts

 

34.432,00 € Bruts

 

34.820,00 € Bruts

 

34.820,00 € Bruts

 

34.266,00 € Bruts

 

34.820,00 € Bruts

 

34.820,00 € Bruts

 

34.820,00 € Bruts

 

37.194,00 € Bruts

 

34.820,00 € Bruts

 

34.820,00 € Bruts

 

34.820,00 € Bruts

 

34.820,00 € Bruts

 

 

32.250,00 € Bruts

 

34.820,00 € Bruts

 

34.626,00 € Bruts

 

22.698,12 € / 26.190,24 € Bruts

SALAIRE 2 à 3 ANS PLUS TARD


35.904,00 € Bruts

 

 

38.109,00 € Bruts

 

35.655,00 € Bruts

 

38.067,00 € Bruts

 

37.108,00 € Bruts

 

35.573,00 € Bruts

 

39.762,00 € Bruts

 

38.338,00 € Bruts

 

38.109,00 € Bruts

 

38.947,00 € Bruts

 

36.769,00 € Bruts

 

38.109,00 € Bruts

 

36.769,00 € Bruts

 

37.581,00 € Bruts

 

 

35.984,00 € Bruts

 

38.109,00 € Bruts

 

37.739,00 € Bruts

 

26.073,72 € / 29.856,84 € Bruts



Les cadres du privé gagnent à équivalence de niveau de diplôme (Bac+5) en moyenne 12.000,00 € bruts de plus par an qu'un professeur (hors 1re année de stage et de titularisation, où les primes des professeurs réduisent ce différentiel)

 

Les salariés du privé bénéficient de beaucoup d'avantages, de primes fixes et variables, d'une prise en charge par l'employeur de 50% au moins du paiement de la mutuelle de santé.

 

Les cadres obtiennent souvent une voiture de fonction quand c'est nécessaire à leur poste.

Ils ont accès à un comité d'entreprise qui leur donne accès à un panel de résidences de vacances à des tarifs très intéressants, et des voyages à l'étranger avec des réductions défiant toute concurrence.

Ils bénéficient de tickets restaurants pour financer une partie de leur repas, ou faire leurs courses.

 

Les professeurs, eux, bénéficient leur première année s'ils ont obtenu un concours:

- d'une prime de 1.500,00 € d'entrée dans le métier, pour les stagiaires (depuis  la rentrée 2022 seulement, versée en 2 fois sur une seule année),

- d'une prime d'attractivité de 2.200,00 € avec 1 à 2 ans d'ancienneté, jusqu'à 400,00 €/an entre 18 et 22 ans d'ancienneté,

- d'une prime informatique de ... 150,00 €/an pour acheter leur PC,

- d'une prime spéciale d'installation, si le professeur titulaire est muté en Ile-de-France ou dans l'agglomération de Lille : Les agrégés ne la reçoivent pas (encore une injustice): 2.153,07 € bruts en zone 001 de résidence, 2.111,26 € en zone 002 de résidence et 2.090,36 € bruts en zone 003 de résidence.

 

La 1re année d'enseignement, en apparence, c'es le jackpot.

 

A partir de la titularisation, le salaire augmente peu (cf tableau dans cet article)

 


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