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Isabelle, de professeur en lycée pro à réflexologue plantaire


Isabelle, de professeur en lycée professionnel à réflexologue plantaire:

 

Diplômée d’un BTS de logistique et transport en 1986 sans aucun débouché, Isabelle travaille, après deux ans de galère, dans la formation professionnelle au sein d’un GRETA et dans l’enseignement privé en 1988. De 1989 à l’an 2000, elle est embauchée sous forme de CDD renouvelable chaque année dans un CFA où elle enseigne le Français, la Vie Sociale et Professionnelle (VSP) et l’Environnement économique et juridique (EEJ).

 

Dès 1992, elle pense à reprendre des études avec une Licence de Sciences de l’Education, mais ne passera pas les concours de l’enseignement. Lorsqu’en 2000 son CDD n’est plus renouvelé, elle connaît à nouveau le chômage pendant un an et en profite pour réaliser une formation en informatique. Le 11 septembre 2001 (elle se souvient elle aussi de cette journée), elle devient de nouveau enseignante en lycée professionnel pour un remplacement de 2 ans et 4 mois : elle enseignera alors le droit, l’économie et le B.A-BA de l’informatique.

 

Dès 1998, Isabelle avait envie d’arrêter l’enseignement, car elle ressentait une certaine saturation. De plus, lorsqu’elle était en CFA, sous la tutelle de la Chambre de Commerce, les contraintes d’emploi étaient beaucoup trop fortes pour l’inciter à poursuivre dans ces conditions.

 

Ce qui décide vraiment Isabelle à stopper l’enseignement, c’est le surplus de discipline à réaliser avec ses classes de « 3e Techno », et même avec ses Bac Pro, elle est de plus en plus écoeurée par le manque d’écoute en classe des élèves.

 

Entre son envie et le moment où elle « saute le pas », il s’est passé cinq ans. Fin 2003, c’est à nouveau le chômage, avec une indemnisation maintenue pendant deux ans, période durant laquelle Isabelle réalise un bilan de compétences qui lui confirme qu’elle ne sera heureuse qu’en exerçant une activité indépendante. Elle souligne qu’avec un mari artisan, ce changement professionnel a été facilité, car si elle avait été seule, financièrement, c’eût été impossible.

 

D’octobre 2004 à novembre 2005, très motivée, après mûre réflexion, elle se lance dans une formation non reconnue par l’Etat de réflexologue plantaire, qu’elle finance totalement. A la fin de cette formation, une année de chômage s’ajoute encore à ce parcours cahotique. La formation n’étant pas reconnue, Isabelle ne bénéficie d’aucune aide à la création d’entreprise.

 

C’est donc seule qu’elle crée de A à Z son cabinet de réflexologie plantaire le 5 octobre 2006. Son nouveau métier consiste à réaliser des massages du pied, en stimulant ses terminaisons nerveuses, pour soigner différentes pathologies et lui apporter de la détente.

 

C’est par connaissance qu’Isabelle a eu connaissance de cette profession, qu’elle a considéré comme la plus rapide pour en finir le plus vite possible avec cette vie d’enseignante qu’elle ne supportait plus.

 

Aujourd’hui, Isabelle confie :

 « Quand on cherche à quitter l’enseignement, on est très vite catalogués, car une étiquette nous colle à la peau : un prof, c’est quelqu’un qui est tout le temps en vacances, donc qui n’est pas très courageux, et cela ne facilite pas la réorientation ».

 

Quelles compétences, mises en œuvre dans l’enseignement, Isabelle a-t-elle conservées ?

 

Isabelle souligne que l’écoute des autres est un savoir-être qu’elle a acquis au fil de son enseignement et qui est essentiel dans sa nouvelle profession. Cela constitue la moitié de son travail. Elle a également appris à gérer son stress, à prendre du recul par rapport aux êtres et aux choses, et peut désormais, a contrario de l’enseignement, réaliser une nette coupure entre sa vie professionnelle et sa vie personnelle.

 

Comment Isabelle a-t-elle vécu ce « grand saut » ?

 

Cette nouvelle étape de carrière a été vécue comme une véritable « libération », par perte d’envie d’enseigner. Ce nouveau métier, très diversifié, synonyme de passion, a dynamisé Isabelle, en lui apportant une nouvelle motivation.

 

Comment ses anciens collègues ont-ils perçu ce changement d’orientation ?

 

Ceux à qui elle a confié ce projet lui ont dit : « si tu peux, arrête ». Elle n’a aucun regret, et a complètement changé d’identité professionnelle aujourd’hui.

 

Comment Isabelle considère-t-elle l’enseignement aujourd’hui ?

 

Pour elle qui a ses enfants au collège et au lycée, elle indique « savoir se mettre à la place des professeurs », « faire preuve de plus d’indulgence, pour avoir vécu de métier de l’intérieur », mais « ne pas regretter de ne plus y être, sauf pour les bonnes classes ».

 

Que pense Isabelle de ses nouvelles conditions de travail ?

 

Cela n’a vraiment plus rien à voir, le rythme est très différent, le temps est géré différemment, sans stress, avec un plaisir renouvelé de travailler à son compte, pour soi, sans hiérarchie.

Cependant, l’absence de collègues lui manque parfois, heureusement compensé par le contact régulier avec ses clients.

 

Que pense Isabelle de la création d’une association comme AIDE AUX PROFS ?

 

« C'est plus qu’une bonne chose, car se réorienter est loin d’être simple, car personne ne vous aide ». Etant dans l’enseignement privé, Isabelle n’a pas du tout songé à se tourner vers son rectorat pour accompagner sa mobilité, puisque déjà, dans l’enseignement privé, « on n’a droit à rien ».

 


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