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Etre Professeur en France, ça se passe comme ça en 2022


Des conditions de travail pénibles

 

Depuis 2 ans, dans les escaliers, il est impossible de faire respecter les gestes barrières. 

Dans les couloirs, il faut faire attention aux élèves qui discutent entre eux

 

Ensuite, il faut bien faire entrer les élèves en ordre, donc ils sont groupés et

attendent parfois en discutant.

Le plaisir d'enseigner devient difficile à conserver dans de telles conditions

 

Après avoir mis du gel dans la main de chaque élève avant d'entrer en classe (et ceci pour chaque cours à chaque changement de classe), le professeur sous son masque en tissu (on leur promet fin janvier 2022 un masque chirurgical alors que le FFP2 protège nettement mieux selon les médecins contre un Omicron beaucoup plus contaminant) essaie tant bien que mal de se faire entendre à des élèves qui ont du mal à se faire entendre de lui/elle, masque oblige. Les conditions d'enseignement se sont ainsi sérieusement dégradées au fil des vagues du Covid depuis 2 ans.

Le professeur ne peut plus utiliser les mimiques de son visage pour manager sa classe

 

Du gel et des masques. Et utiliser une visière pour ceux qui doivent enseigner les langues étrangères ou préfèrent agir ainsi pour retrouver des conditions d'enseignement optimales.

Le professeur doit utiliser son budget personnel pour enseigner

 

Les professeurs ont investi leur temps et leur matériel personnel pour permettre durant le confinement à leurs élèves de continuer leurs apprentissages. On leur a offert fin 2021 une royale indemnité de... 150,00 € par an pour s'équiper informatiquement...

 

Quel fournisseur propose un ordinateur et la Suite Office à 150,00 € ?

 

L'association Préau née du Grenelle de l'Education fin 2021, et qui a pour objectif d'offrir des avantages aux professeurs, peut-elle résoudre ce problème ?

Diriger une école, un collège, un lycée, est devenu chronophage, une rude épreuve 

 

Les directeurs d'école, les principaux de collège, les proviseurs de lycée, eux, n'en peuvent plus. Fatigués, épuisés, certains au bord du burn-out... ceci est une caricature de la situation.

 

Une étude de Georges FOTINOS et José-Mario HORENSTEIN en 2021 a montré que 30% des personnels d'encadrement (inspecteurs, chefs d'établissement) sont au bord du burn-out.

L'administration protège toujours à fond ses personnels d'encadrement

 

Lorsque le professeur n'en peut plus, il est accueilli par un Conseiller en Ressources Humaines (sic) ou un Inspecteur ou un DRH qui lui rappelle son obligation de réserve et son devoir de loyauté. Pas de vagues surtout...

 

Lorsque 80% de professeurs s'oppose au mode de management d'un Principal ou d'un Proviseur, c'est le personnel d'encadrement qui l'emporte. Pour un meilleur bien-être au travail et respect des professeurs, tous cadres pédagogiques de niveau A, tous adultes, AIDE AUX PROFS préconise une application smartphone de contrôle attentif du bien-être au travail, que chaque professeur serait invité à renseigner une fois par semaine.

 

A partir d'un taux de 20% de signalements concordants d'une souffrance au travail individuelle ou collective, ou d'un mode de management jugé trop brutal, et sans attendre que le taux atteigne 80%, une agence indépendante interviendrait pour évaluer les choses, et prendre les décisions qui s'imposent pour mieux accompagner sur le terrain ces situations de conflits naissants.

 

Le dessin du professeur est le reflet de son état psychologique lorsqu'il tente d'avertir son administration, qui aura toujours le dernier mot et mettra tout en oeuvre pour l'isoler, et étouffer l'affaire. La routine depuis 20 ans au moins.

La "nécessité de service" fait du statut de professeur fonctionnaire une prison dorée

 

Lorsque le professeur en a assez et veut partir ailleurs pour être recruté en détachement hors enseignement, demander une disponibilité, obtenir sa rupture conventionnelle ou sa démission, il doit subir dans la majorité des cas un refus pour "nécessité de service" de la part de l'administration. Certains Recteurs ou Dasen utilisent une autre formule qui signifie la même chose.

 

Il comprend alors qu'en obtenant un concours, il est entré dans un Quartier de Haute Sécurité et que le système de l'Education nationale ne le laissera pas repartir facilement.

 

Parvenir à quitter le statut de fonctionnaire est un véritable calvaire.

Le professeur se heurte aux refus appelés "nécessités de service" de la part d'une hiérarchie qui elle, change fréquemment de fonction, de région, sans "nécessité de service".

 

Le professeur classé "cadre A" selon son statut (PE, Certifié, PLP, Agrégé) en France doit obtenir un Master 2 pour être payé 50 à 100% de moins (selon son ancienneté, du fait des primes) qu'un cadre administratif recruté avec une Licence 3 (cadre A lui aussi). 

 

Depuis plus de 30 ans les syndicats réclament une augmentation digne de son nom, et ce sont systématiquement les attachés d'administration, les inspecteurs (IEN, IA-IPR) et les chefs d'établissement et les Recteurs et les Dasen qui voient leurs primes considérablement augmenter.

 

C'est plus facile: ils sont moins nombreux. Quelques dizaines de milliers.

C'est pour s'assurer de leur pleine et entière loyauté et soumission.

Et ça fonctionne très bien pour eux.

 

Les professeurs titulaires obtiennent des miettes en France, tous les 5 ans.

Le résultat ? Leur revenu annuel moyen arrive sous la moyenne des pays de l'OCDE et sera bientôt dans la lignée des pays les plus pauvres de l'OCDE alors que la France fait partie des 10 premières grandes puissances mondiales.

 

En 2022, l'inflation en France sera telle qu'elle absorbera la faible revalorisation servie avec grande difficulté budgétaire aux professeurs du 1er au 9e échelon en 2021. C'est clairement insuffisant comme "effort" sur tout un quinquennat.

 

L'Indemnité de Rupture Conventionnelle de la Loi DUSSOPT est un miroir aux alouettes

 

Lorsque le professeur demande sa rupture conventionnelle pour obtenir la belle indemnité promise par l'Article 72 de la loi Dussopt du 6 août 2019, il est plein d'espérance..

Tout est orchestré pour décourager le plus de professeurs possible d'obtenir cette Rupture Conventionnelle

 

Car entre les promesses du Gouvernement depuis 2019 en France, et la réalité de l'application de la loi Dussopt par l'administration de l'Education Nationale, il y a un immense fossé...

Le professeur coûte trop cher: il est aussi difficile de lui proposer le salaire qu'il mérite avec son Master2, que de lui proposer la juste valorisation de ses années d'ancienneté.

 

Si le professeur a réalisé plus de 15 ans de bons et loyaux services, les académies trouvent que l'indemnité de rupture conventionnelle qu'il demande coûte beaucoup trop cher, d'autant plus qu'il leur faudra aussi sur leur budget financer son allocation de retour à l'emploi.

 

Alors les académies se débrouillent pour l'inciter à la démission ou lui proposer de demander une disponibilité pour convenances personnelles, ce qui aura pour effet, 1 an plus tard s'il réitère sa demande, d'obtenir moins, ou 2 ans plus tard, d'obtenir ZERO EURO.

Les pensions de retraite des professeurs coûtent cher et il a été tenté de les réduire par une réforme

 

Juste avant la crise sanitaire, le Gouvernement a bien tenté de supprimer aux professeurs le dernier avantage de leur statut de fonctionnaire: une pension de l'Etat une fois retraité(e) qui soit calculée sur la moyenne de leur revenu brut de leurs 6 derniers mois.

 

Si les professeurs titulaires perdent cela, il ne restera aucun avantage pour être titulaire plutôt que contractuel. Juste une échelle indiciaire qui évolue très lentement, sur plus de 26 ans de carrière au minimum pour espérer gagner à peine 2 fois plus qu'en début de carrière, et une sécurité d'emploi qui est bien cher payée pour si peu de considération, si peu de primes, et si peu de perspectives professionnelles.

 

Une fois retraité(e), combien gagnera un professeur ? C'est l'inconnu, et forcément de moins en moins avec l'ambition des gouvernements de Droite ou Ultra-Libéraux, de reculer toujours plus loin l'âge du départ en retraite tout en imaginant tous les subterfuges possibles pour donner le moins possible aux salariés.

 

Ce que le fonctionnaire a cotisé pour sa pension civile n'est pas gardé en réserve. Cela a été dépensé depuis longtemps par l'Etat. D'où le problème actuel qui est d'arriver pour l'Etat à financer la masse des pensions de ceux, de plus en plus nombreux, qui partent en retraite jusqu'en 2045 au moins. Ce sont les classes d'âge du baby boom qui partent en retraite actuellement. 

 

Voilà pourquoi les professeurs de France font régulièrement grève, pour espérer gagner plus, alors que 5 ans d'étude ont été exigés d'eux, pour obtenir un Master 2, complété par un concours sélectif comme le CRPE, le PLP, le Capes ou l'Agrégation.

 

Au final, à ancienneté égale, ils gagneront 50 à 100% de moins qu'un Attaché d'Administration qui aura obtenu une Licence 3 et le concours des Instituts Régionaux d'Administration (I.R.A).

 

Ils gagneront 2 à 4 fois moins bien leur vie après 10 à 15 ans de carrière qu'un(e) diplômé(e) d'un Master 2 dans les domaines de l'Assurance, la Fiscalité, la Banque, la Finance, l'Immobilier, la Logistique et le Management.

 

Devenir professeur, c'est être au 21e siècle un travailleur précaire dans certaines grandes métropoles où le logement 'achat, location) est de plus en plus cher, avec une retraite qui sera très modeste s'il n'y a pas eu entre-temps d'anticipation par le professeur d'autres sources de revenus (achat de logements pour mise en location, investissements boursiers, héritage d'un parent, etc) .

AIDE AUX PROFS préconise à ceux qui ne sont pas sûrs de leur choix en devenant professeur, d'exercer comme contractuels.

 

Pour cet ensemble de constats, AIDE AUX PROFS recommande à ceux qui veulent devenir professeurs de commencer d'abord par exercer ce métier comme contractuel, le temps de savoir si ce métier leur conviendra. Car dans ce cas, il leur sera très facile d'en repartir, de chosisir leur lieu de résidence, à tout moment de l'année.

 

Car en devenant aussitôt fonctionnaire, ce statut les bloquera dans leurs envies d'autre chose, du fait des calendriers très rigides de "gestion des ressources humaine" de l'Education nationale qui limitent à 1 jour par an, 1 mois sur 12, au 1er septembre d'une nouvelle année scolaire, la possibilité de repartir ailleurs, quand ils acceptent de laisser partir le professeur.

 

Nous publierons en 2022 les désarrois par milliers de ces professeurs qui ont découvert trop tard les contraintes énormes de leur statut de titulaire, les empêchant de réaliser leur

projet professionnel.

 

Les professeurs contractuels peuvent, comme tous les salariés du privé, donner leur préavis 12 mois sur 12 dans l'année, et ne seront pas bloqués par une "nécessité de service"

puisqu'ils sont contractuels.

 

Qui plus est, s'ils estiment ne pas bien gagner leur vie,  ils auront toute liberté de cumuler avec une autre activité sans avoir à en demander l'autorisation comme les titulaires, qui, eux, sont complètement coincés par leur statut, dépendant des autorisations de leur administration qui voit parfois d'un mauvais oeil leur envie de "gagner plus", eux qui ont "tant de vacances" .

 

8 semaines au moins des "vacances" du professeur lui permettent de préparer ses cours, corriger les copies de ses élèves, et se reposer des efforts réalisés en classe, parfois épuisants.

 

Ainsi, si vous avez de nombreux talents, et pas l'envie dès maintenant de passer toute votre vie dans le métier de professeur, parce que vous le concevez comme une étape de votre parcours diversifié, vous avez tout intérêt à rester contractuel pour avoir le plaisir d'aller habiter là où vous le souhaitez, puisque non dépendant de mouvements de mutations à l'aveugle avec un barème à l'ancienneté, et libre d'exercer tout métier ou activité de votre choix en parallèle sous tout type de statut (libéral, portage salarial, auto ou micro-entreprise, etc).

 

AIDE AUX PROFS existe depuis 15 ans, et notre action persistante a incité l'Education nationale à investir depuis 2019 dans une GRH de Proximité.

 

Malgré tout, l'Education nationale poursuit sa politique managériale d'empêchement d'une majeure partie des projets de reconversion de ses professeurs. En 2021, 76% des demandes de rupture conventionnelle, pourtant peu nombreuses (1219 au niveau national), ont été refusées, et le cru de 2021 devrait approcher les 80% de refus.

 

Quelle formation faut-il concevoir pour les DRH académiques de l'Education nationale afin qu'ils sachent gérer un flux de souhaits de départs aussi faible, puisque l'Education nationale répète régulièrement que les démissions ne constituent que "0,2% de ses effectifs" ?

 

Le Canada et la Belgique, eux, savent depuis longtemps gérer ce turn-over de plus de 50% de nouveaux professeurs qui ne restent que 5 ans...

 

Dans ce cas, pourquoi les Recteurs et les Dasen multiplient-ils les nécessités de service ? Difficulté à faire aimer en France le métier de professeur ? Serait-ce un problème global de management des professeurs ? De confiance institutionnelle envers les professeurs ?

 

 

le 15 Juin 2016, Jean-Michel BLANQUER qui n'était pas encore Ministre, a remercié notre association pour notre action envers les professeurs qui souhaitent une seconde carrière. Prenez le temps de l'écouter.

Jean-Michel BLANQUER indiquait "que l'on pourrait faire beaucoup mieux dans le futur" pour la mobilité des professeurs et que cela dépendait d'un ensemble cohérent.

 

Il a dit alors à 1'49'' de cet extrait de notre 3e colloque :

 

"...l'esprit dans lequel Après Prof travaille maintenant est exactement l'esprit dans lequel on va nécessairement aller... la question c'est ...avec quelle vitesse, avec quelle efficacité, et comment on peut accentuer cette vitesse pour y aller."

 

Et voilà la théorie, écoutez bien cette intervention d'une DGA des Ressources Humaines de la FPT, à partir de la 4e minute.

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