Les agressions verbales et physiques sont déstabilisantes pour le professeur:


Rares sont les enseignants à avoir contacté l’association Aide aux Profs depuis 14 ans pour une agression physique.

 

Combien d’enseignants sont victimes de coups et blessures

volontaires ?

- 399 d’après le logiciel ANAGRAM pour la gestion AT/MP du MEN?

 

- 1.702 incidents de violence physique contre le personnel d’après SIVIS ? (en 2012, rien que pour le personnel du second degré, sans qu’on puisse déterminer le nombre des personnels concernés). En 2018-2019, SIVIS expose que 12.2 incidents graves ont lieu en moyenne pour 1.000 élèves, ce qui altère les conditions de travail des professeurs. (depuis la rentrée 2011, l’enquête SIVIS repère les situations de harcèlement sans que l’on sache clairement s’il s’agit de harcèlement entre élèves ou si les chefs d’établissement renseignent aussi sur le harcèlement moral concernant le personnel).

 

- 16.000 personnes d’après les enquêtes de victimisation réalisées par Éric DEBARBIEUX ? (0,8% des 410.241 personnels

du second degré = 3.281 et 3,6 % de 353.726 = 12.724 personnels du premier degré).

 

Les incivilités comme les insultes verbales sont les plus courantes de la part des élèves, les enseignants étant aisément qualifiés de tous les mots les plus vulgaires qui soient dans certains établissements, sans qu’il leur soit réellement possible répondre, par devoir professionnel d'exemplarité ni de trouver une parade efficace pour mettre fin à cette situation dégradante.

 

Parmi les agressions physiques volontaires provenant des élèves, ou de leurs parents, on relève dans les témoignages qui nous sont parvenus :

 

- Les jets de stylos, de gomme, de boulettes de papier en classevers le tableau, pour tenter de toucher l’enseignant ;

- Les projections de gaz lacrymogène ;

- Le « poussage » dans un escalier ou le croc-en-jambe (appelés dans les statistiques de l'Education nationale les "chutes de personnes", lors d’un déplacement groupé, à l’occasion d’une interclasse ou d’une récréation lorsque toutes les classes sortent en même temps (les enseignants qui « chutent » dans les escaliers sont alors déclarés en « accident de travail »);

- Les coups de poing, relativement rares (plus fréquents chez les professeurs des écoles, provenant de parents d’élèves excessifs) ;

- Les menaces de porter une gifle provenant d’un(e) élève, sous le regard moqueur de ses camarades ;

- Les coups de couteau ou de cutter (qui relèvent de l’événement grave à caractère exceptionnel, 7 enseignants en ont été victimes sur les 16.600 témoignages qui nous sont parvenus depuis 2006).

 

Les agressions physiques plus fréquentes avec leurs effets psychologiques sont indirectes, sous forme d’une atteinte aux biens de l’enseignant :

 

- Voiture rayée avec un objet métallique ;

- Un ou plusieurs pneus crevés ;

- Pare-brise abîmé ;

- Vol de clés ou d’affaires personnelles (ordinateur, smartphone, clé USB, sac, etc) ;

- Dégradations en salle de classe ;

- Appels téléphoniques anonymes ;

- Dépôts d’ordures dans leur boîte aux lettres ou devant chez eux quand les élèves animés de mauvaises intentions connaissent l’adresse de l’enseignant auquel « ils en veulent » ;

- Cambriolages et déprédations du domicile de l’enseignant par des élèves (cas très rares).

 

Une étude de Georges FOTINOS et Éric DEBARBIEUX sur la violence scolaire à l’École (septembre 2012) a dressé un certain nombre d’indicateurs de victimisation des personnels enseignants :

- La violence verbale : insultes, menaces, menaces avec armes, cyber-violence ;

- La violence physique : coups, blessures, blessures avec armes ;

- Les vols et dommages aux biens : vol d’objet personnel, vol d’argent, vol de véhicule, dégradation du véhicule ;

- Le harcèlement et les violences symboliques : harcèlement, homophobie, sexisme, racisme, ostracisme".

 

Les témoignages qui nous sont parvenus méritent attention, pour mieux comprendre ce que peut ressentir un enseignant mis ainsi en difficulté, et anticiper par un développement personnel pour prévenir de telles situations, pour ne pas les subir :



Professeurs victimes de violences au travail:


Tous les témoignages que nous diffusons sont strictement anonymés, les prénoms changés. Ils proviennent des formulaires de contact que plus de 16.600 professeurs ont complété en nous contactant, et que nous avons ensuite conseillés bénévolement. Dans le cadre de témoignages relatifs à la santé, que nous ont confié les personnes sans que nous l'ayons demandé, nous avons renforcé cette anonymisation pour conserver la nature de leur souffrance au travail.


Jean-Denis, 50 ans, enseignant de (…) en collège depuis 22 ans, avait subi des agressions répétées qui se sont ajoutées à une kyrielle de motifs d’insatisfaction au travail :

 

"Incivilités de la part des élèves, manque de reconnaissance de l’institution, changement de programmes fréquents dans ma discipline, conditions de travail dégradées, impression de ne pas faire le même métier que les collègues de mathématiques, de français… 

 

- Être obligé de demander des moyens (ordinateurs, machines, outils, maquettes…) pour appliquer les programmes, sans avoir les conditions pour les mettre en oeuvre correctement (groupes-classe(s) allégés, salle de cours adaptée…).

- Le manque de prise en compte de la bonne volonté et du dévouement des professeurs, ainsi que leur infantilisation

-Actuellement, 11è et dernier échelon de la classe normale à 50 ans, donc 12 ans (si tout va bien) sans aucune perspective d’évolution de carrière avant la retraite,

-Insulté il y a deux ans, menacé l’an dernier, agressé cette année… Je me demande à quoi je sers, ce que je fais là… Je suis

en accident de service depuis trois mois, je suis suivi par un psychothérapeute. J’ai vu le médecin conseil du département et le médecin expert psychiatrique … Je ne me sens pas du tout capable de reprendre mes fonctions… "


Marie-Agnès, 56 ans, enseignante de Lettres en collège pendant 25 ans, puis en disponibilité depuis 5 ans, avait peur de ré-enseigner :

 

"En disponibilité depuis 5 ans, j’ai demandé une réintégration en septembre car je ne vis plus de mes activités freelance. J’ai très peur de reprendre car j’ai été victime d’une agression physique quand j’enseignais. Je voudrais essayer de changer de

voie, mais ma disponibilité me bloque. Je ne sais donc plus trop quoi faire, aidez-moi !"


Henri, 35 ans, professeur d’EPS par vocation depuis 12 ans, se sentait en « réelle souffrance » dans ses conditions de travail :

 

"Je suis professeur d’EPS depuis 12 ans maintenant,dont 7 ans passés en tant que TZR dans les quartiers les plus difficiles de la région parisienne. Le choix de l’enseignement a été pour moi une véritable vocation.

 

Malgré ça, je cherche néanmoins à me reconvertir car les conditions de travail sont très difficiles, et les conditions d’enseignement se sont beaucoup dégradées. Je suis actuellement en réelle souffrance, face à une population d’élèves de plus en plus problématique et violente, ayant été récemment victime d’une agression qui m’a déstabilisé. Je n’imagine plus faire ce métier, car je n’ai reçu aucun soutien de ma hiérarchie, aucune aide, juste le conseil de « déposer une main courante », j’attendais mieux !"


Julien, Professeur de Mathématiques, 25 ans et 2 ans d’ancienneté, avait été agressé physiquement par un de ses élèves et ne voulait plus enseigner :

 

"J’ai voulu enseigner par désir d'aider d'autres à progresser pour réussir, l’envie de devenir professeur a toujours été présente : au début je voulais être professeur de solfège, puis en informatique à l'université. Je me suis rendu compte après trois mois de stage en laboratoire en alternance avec un M1 d'informatique que je n'étais pas fait pour la recherche, et que la formation en informatique devenait trop pratique et ne m'intéressait plus. 

 

N'ayant jamais été lassé des mathématiques, et ayant adoré cette matière au lycée, je me suis réorienté vers l'enseignement des mathématiques.

 

Après une année de stage réussie (2 bons rapports) j'ai été titularisé et j'ai effectué un trimestre de cours.

 

Victime malheureusement d'une agression physique (coup de poing) préméditée de la part d'une élève que je ne connaissais pas, je n'ai pas été soutenu par mon chef d'établissement. Pire, il a cherché à m'éliminer par tous les moyens : manipulations pour modifier un rapport d'incident et qu'il y ait une erreur de nom sur ma plainte, inspection sanction où le proviseur avait donné un dossier pour me détruire à l'inspectrice, qui ne m'a pas respecté lors de l'entretien, allant jusqu'à insinuer que j'étais violent. J'ai gardé mon calme mais j'ai assuré dans un triste état les derniers cours.

 

Je suis en arrêt pour rechute d'accident de travail, j'ai perdu une partie de confiance en moi, je suis seul, je sens que je ne serais jamais respecté au lycée (sauf par une poignée de mes élèves), je me sens rejeté par les autres et désormais en danger en milieu scolaire. Je ne peux plus rester dans un système qui m'a socialement détruit.

 

En plus le proviseur a demandé à supprimer mon poste, je me retrouve avec un complément de service sur deux établissements l'an prochain, et à cause de cela je n'ai pas pu émettre de vœux au mouvement intra sous peine qu'on me rajoute les vœux de carte scolaire qui m'affecteraient dans un collège difficile. Je garde un très mauvais souvenir de mes années de collégien et ne veux plus revivre cet enfer.

 

L'estime de moi et les progrès que j'ai pu faire en communication ces dernières années semblent avoir été complètement anéantis par les "claques" de mes supérieurs hiérarchiques. Seul, je n'ai pas de contrainte géographique familiale particulière. Je n'ai pas non plus de délai de réalisation fixé car je ne sais pas quand je vais démissionner, cela dépend de la prolongation de mon arrêt accident de travail, de l'obtention d'une disponibilité... J'aimerais quand même si possible avoir stabilisé une activité de professeur particulier d'ici 2-3 ans, en tous cas si possible ne pas être en interruption d'activité juste après la démission."



     CES TEMOIGNAGES SONT UN ECHANTILLON, NON EXHAUSTIF

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