Depuis plus de 40 ans, le pouvoir d'achat des professeurs a perdu plus de 50%. Edouard GEFFRAY nouveau Ministre de l'Education nationale détient-il la solution?

Devenir professeur au XXIe siècle en France, c'est se condamner à gagner toujours moins qu'espéré en regard de son niveau de diplôme. C'est aussi passer toutes ses années scolaires à se plaindre du manque de moyens, du peu de reconnaissance de la hiérarchie, de l'infantilisation du système managérial, du trop de réformes sans continuité, et parfois du harcèlement subi dans ses fonctions sans qu'aucun interlocuteur efficace puisse écouter et intervenir. La France peut-elle s'en sortir ?

 

Le chantier qui s'ouvre au nouveau Ministre qui a été DGRH et DGESCO est titanesque, et d'ici mai 2027 (si le Gouvernement LECORNU II n'est pas censuré d'ici là), aura-t-il le temps de faire quoi que ce soit d'autre que de pacifier les enseignants en vue d'attirer leurs voix vers un candidat du parti Renaissance pour la Présidentielle 2027 ?

 

Edouard GEFFRAY fait partie du premier cercle d'Emmanuel MACRON, il faisait partie de ceux qui ont préparé la prise de pouvoir en mai 2017 pour son premier quinquennat. Brillant énarque sorti dans la botte de la promotion Romain GARY (2005) et choisissant le Conseil d'Etat, Très vite il a obtenu de hauts fonctions, comme Directeur des affaires juridiques, internationales et de l'expertise à la CNIL (Commission nationale de l'informatique et des libertés) en 2012 avant d'en devenir le Secrétaire Général de 2012 à 2017. 

 

Brièvement Directeur de cabinet de François BAYROU éphémère comme Ministre de la Justice, il devient Directeur Général des Ressources Humaines (DGRH) de 2017 à 2019 à l'Education nationale. De 2019 à 2024 il devient DGESCO. Il connaît bien, sur le plan technique, les rouages de ces deux entités et du sérail des hauts fonctionnaires dont il est issu. Il s'est bâti très rapidement un réseau étoffé de hauts fonctionnaires (IGeSR, Recteurs, IA-IPR, etc) tous prêts à servir ses directives. 

 

Rémi BOYER l'a rencontré à cette époque :

 

- une fois en 2017 pendant 15 mn à la fin d'une intervention qu'il avait donnée à la Cour des Comptes dans le cadre des Rencontres des Acteurs Publics (organisée par "Acteurs Publics") pour lui remettre l'ouvrage "Souffrir d'enseigner... Faut-il rester ou partir ?" publié avec José Mario HORENSTEIN et préfacé par Georges FOTINOS pour le sensibiliser à la souffrance au travail multiple des professeurs

 

- une fois en 2018 lors d'une délégation syndicale pendant 1 heure Rue Régnault lorsque Rémi BOYER officiait en décharge entière de consultant non militant dans un syndicat intéressé par ses talents de logisticien à distance pour accompagner des professeurs dans leurs désirs de reconversion. Lorsqu'il a présenté à Edouard GEFFRAY son tableau prévisionnel de départs en retraite jusqu'en 2042, il a d'abord botté en touche en disant que c'était faux. Lorsque Rémi BOYER lui a dit "qu'avec une marge d'erreur de 2% c'était vrai", il a dit au bout d'une bonne minute de silence : "On ne va pas se mentir, vous avez raison".

 

- une fois en 2019 dans son Bureau de la Rue Régnault pendant 45 mn pour échanger en lui donnant des idées pour optimiser le fonctionnement de la GRH de proximité.

 

Il a toujours été attentif à toutes les situations que nous lui avons soumises, notamment lorsque nous avons eu besoin de lui signaler, preuves concordantes à l'appui, des harceleurs et autres personnels toxiques au sein du système. Nous savons qu'il est sensible aux questions de harcèlement moral, et qu'il devrait s'intéresser à l'action menée par notre principal partenaire associatif, HELPEN, qui vient d'être interviewé par ACTEURS PUBLICS.

 

Que choisira de réaliser Edouard GEFFRAY pour marquer son passage à l'Education nationale ?

 

- la revalorisation des professeurs alors que le Gouvernement cherche à économiser 43,5 milliards d'euros chaque année, qui ne sont que les intérêts à payer de l'endettement colossal de l'Etat ? C'est juste impossible.

 

- la revalorisation partielle des professeurs de milieu de carrière, qui s'aperçoivent qu'il gagnent au bout de 20 ans presque autant que ceux qui viennent de commencer leur carrière, le différentiel de rémunération s'étant sérieusement réduit depuis l'augmentation des jeunes ?

 

- le remaniement de la GRH de proximité qui a perdu en efficacité depuis le départ de Jean-Michel BLANQUER qui l'avait mise en place ? Trop de cadres IA-IPR, IEN et Perdir autrefois toxiques y gravitent, en ayant juste changé leur discours, pour "faire partie des RH" sans que leurs actions respectives permettent de faire avancer "les secondes carrières" qui intéressent les enseignants

 

- l'interdiction des smartphones au collège et au lycée ? Fin juriste, que peut-il décider en peu de temps pour que les élèves ne l'apportent plus, ne l'utilisent plus durant leur journée d'école ?

 

- une plus grande sévérité envers les enfants, adolescents et adultes harceleurs, dans un système qui affiche là toutes ses contradictions, développant une politique massive de prévention du harcèlement des élèves, mais continuant de tolérer le harcèlement entre adultes, défaussant de toute responsabilité les hauts fonctionnaires (Recteurs, Dasen, IGeSR, IA-IPR, IEN, PErdir, Attachés d'Administration) du système ?

 

- redonner verbalement en jouant de sa personne, de l'attractivité au métier de professeur en s'affichant comme il le faisait pendant les années Covid19 par des messages vidéos sur You Tube et des messages sur twitter/X "#MERCI AUX PROFS ?

 

- attribuer des badges virtuels de compétences aux professeurs méritants (et qu'est-ce que le mérite dans un système focalisé sur les résultats des élèves, que chaque professeur peut décider d'augmenter en modifiant son barème de notation et en devenant laxiste comme ce qui a prévalu dans les années 2000-2025 pour obtenir par académie les meilleurs résultats au DNB et au BAC ?)

 

- jouer le statut quo jusqu'en mai 2027 en rencontrant régulièrement les syndicats pour leur faire part de son écoute, en leur promettant de faire étudier une revalorisation des professeurs pour le prochain quinquennat ?

 

- organiser la réforme du recul au niveau de la Licence3 des futurs professeurs pour la rentrée 2026 ? Il semble bien qu'il n'ait le temps que de réaliser cela.