
Chaque professeur qui vient d'obtenir sa titularisation exulte de joie. Enfin, un emploi à vie ! En fait, c'est nettement plus facile actuellement d'entrer dans l'éducation nationale que d'être autorisé à en repartir.
Voilà venu le temps d'apprendre par chacun son affectation, et c'est là que les mauvaises surprises et les galères commencent. Plus de 65% des nouveaux professeurs seront affectés contre leur gré dans les académies de Créteil ou de Versailles... les plus chères pour se loger.
C'est pour cette raison, que durant le papy-boom où toutes les académies, chaque année, manqueront de professeurs dans toutes les disciplines, que AIDE AUX PROFS recommande à celles et ceux qui n'ont pas l'intention d'y rester toute leur vie, de préférer rester Contractuel(s).
En effet, plus de 65% des néo-titulaires du 2nd degré seront déracinés de leur province chérie et moins chère, pour être catapultés en Ile-de-France où le coût d'un loyer, même pour une studette de 10m2 avec WC sur le palier constituera la plus grosse partie de leur budget (déprime et épuisement assurés si c'est au 6e étage sans ascenseur). 500,00 € minimum sans les charges, soit entre 600,00 € et 800,00€ rien que pour le logement avec eau, électricité et chauffage.
Autant dire que ceux qui gagneront une fois titulaires les 2.000,00 € nets promis par la prochaine réforme BORNE, auront le sentiment après leur 3e année de Licence, comme les titulaires d'un Master 2 actuellement, d'être des précaires, dans l'une des régions les plus chères de France à tous points de vue.
Ca, l'éducation nationale se garde bien d'aborder le sujet avec ses néo-titulaires, sinon plus personne ne s'inscrirait à ses concours de recrutement. Un professeur des écoles, un professeur certifié, un professeur de lycée professionnel, un professeur agrégé, vivent mal en Ile-de-France au moins les 15 premières années de leur carrière.
Tous pensent ne pas y rester longtemps... mais l'éducation nationale leur attribue chaque année le moins de points possibles pour que, mécaniquement, ils ne puissent pas en repartir de sitôt, entre 10 et 15 ans de présence forcée selon le niveau d'enseignement et la discipline enseignée.
Ceux qui vivront le mieux sont ceux qui ont de la famille sur place pour les loger, des cousins, des amis peut-être...
Si tu restes professeur contractuel, tu peux rester dans le département que tu aimes, tu seras sûr(es) de trouver un boulot de professeur partout (depuis mars 2025 France Travail publie des centaines de postes à pourvoir au 1er septembre 2025 dans toutes les académies), et tu pourras négocier ton niveau de rémunération dans l'échelle de la classe normale des certifiés si tu es en capacité de fournir 3 derniers bulletins de salaire d'un précédent emploi, pour obtenir au moins la même chose.
Apprends à négocier : tu es maintenant en position de force face à un système-recruteur qui attire nettement moins que par le passé. Si le DRH de l'académie que tu auras contacté refuse la rémunération que tu souhaites, c'est simple: le papy-boom va durer jusqu'en 2050 et de très nombreux secteurs d'activité vont être en forte tension pour parvenir à recruter leurs ressources humaines.
Avec le petit niveau de rémunération des professeurs en France, qui ont perdu 50% de pouvoir d'achat depuis les années 1980, tu trouveras toujours, avec ton Bac+3 à Bac+5, des salaires, primes et avantages sociaux nettement plus importants dans de nombreux secteurs d'activités.
Si tu aimes transmettre, si tu apprécies les jeunes, tu as le secteur de l'animation qui rémunère presque aussi bien en moyenne que professeur en début de carrière, ou alors tu peux préférer devenir professeur auto-entrepreneur, indépendant, et ainsi ne pas subir des classes surchargées. Tu peux aussi préférer exercer un autre métier où les relations humaines seront nombreuses.
La France a tellement négligé depuis 40 ans ses professeurs, qu'ils apparaissent comme les Cadres les moins bien payés de France, et les plus maltraités par leur hiérarchie. Ce sont ni plus ni moins que des exécutants, malgré leur niveau élevé de diplôme. Leur hiérarchie ne les associe jamais au choix des programmes qu'ils doivent enseigner, et même une fois recrutés, leurs compétences académiques ne suffisent pas, puisqu'il leur faut encore régulièrement se soumettre à des inspections souvent plus laminantes psychologiquement qu'encourageantes.
En 2025-2026, AIDE AUX PROFS publiera des centaines de témoignages sur cet aspect. Tu t'en rendras compte par toi-même : l'éducation nationale en France, ce n'est pas le milieu des bisounours. Ce qu'on appelle "GRH de proximité" est en fait une Gestion des Personnels très stricte, gérant les entrées et les sorties avec un bel enrobage, la "proximité".
Va donc lire la médiatisation de ces faits concernant ces professeurs dans des académies qui ne pratiquent pas de médiation, ni de proximité. Juste de l'expéditif.
06.04.2022: 6 professeurs de Seine-Saint-Denis mutés contre leur gré
21.10.2022 : mutation forcée des profs, un procédé des hiérarchies académiques d'une grande violence
18.08.2023: un sénateur de Guadeloupe dénonce des mutations de professeurs contre leur gré vers l'hexagone.
09.01.2025: Un jugement du Tribunal Administratif annule la mutation forcée d'un enseignant
09.01.2025: répression syndicale dans l'académie de Lyon : un professeur muté d'office
10.01.2025: un professeur muté d'autorité ailleurs
20.04.2025: quand l'éducation nationale ferme les yeux sur le management brutal (Mediapart)
12.05.2025 : un management toxique et autoritaire dénoncé dans un collège
13.05.2025 : Gestion des conflits dans l'académie de Créteil: difficile de faire pire, selon le Snes-FSU, le plus grand ensemble syndical du 2nd degré.

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