Emmanuel MACRON a lancé le 3 mai 2025 une nouvelle convention citoyenne sur "les temps de l'enfant". Est-ce pour donner plus de puissance au projet d'Aix-Marseille Université en partenariat avec CANOPE et la DSDEN des Bouches-du-Rhône ? Les temps de l'enfant supposent surtout de remanier le temps de l'enseignant, donc de dégrader ses conditions de travail, puisque chaque fois qu'un esprit lumineux réfléchit dans un gouvernement depuis une bonne dizaine d'années, c'est ce qu'il se passe...
Analyse des conséquences possibles de cette "convention citoyenne", qui doit réunir des "citoyens tirés au sort" qui seront ensuite supervisés (conseillés ?) par les membres enthousiastes du Conseil Economique, Social et Environnemental (CESE) où les différents gouvernements ont pris l'habitude de nommer des personnes qui leur ont été loyales, donc toujours utiles...

Réformer "les temps de l'enfant" a toujours été une tentat ion de tous les gouvernements, jamais satisfaits de l'organisation de l'année scolaire en France.
Il faut dire que les acteurs "pour ou contre chaque proposition" sont nombreux, et certains plus influents que d'autres. La France est le
pays des réformes sans cesse remises sur le tapis, une habitude qui peut expliquer à elle seule l'endettement abyssal dans lequel s'empêtre ce pays, le Premier Ministre François BAYROU
cherchant à faire payer l'ardoise à 92% des citoyens (avec une idée de référendum) ceux qui ne sont pas "riches" comme ces 8% de la population multi-propriétaires qui possèdent plus de 50% de la
richesse française.
Depuis 2017, les riches sous les 2 quinquennats d'Emmanuel MACRON auront toujours été plus riches, et les pauvres, plus nombreux et plus pauvres. La fracture sociale, nous sommes en plein dedans, une France à deux vitesses. Celle qui subit un maximum la pauvreté, la délinquance, la violence, et celle très minoritaire qui évolue dans ses paradis fiscaux situés... en France.
Réformer les temps de l'enfant, c'est manipuler l'opinion publique, c'est aussi humilier une nouvelle fois les professeurs de ce pays en confiant leurs conditions de travail futures à des citoyens qui ne connaissent pas grand-chose à leurs difficultés, à l'exception de ceux qui ont des enfants scolarisés et adoptent un point de vue critique.
Les temps de l'enfant, ce sont:
1. Des journées de cours toujours trop lourdes: la faute à l'Education nationale qui ne sait que multiplier les réformes et alourdir le temps de travail des
enseignants en concertations à n'en plus finir, histoire de les occuper et de transformer illégalement leur horaire statutaire en un temps de travail à rallonge dans leur école, collège
ou lycée.
=> Emmanuel MACRON et Elisabeth BORNE veulent-ils en profiter pour supprimer les décrets de 1950 définissant le temps d'enseignement statutaire, pour appliquer les propositions du sénateur Max BRISSON (ex-IGEN...) d'annualiser les professeurs, en leur faisant faire des semaines de 39h dans leur établissement scolaire ? (eux qui travaillent déjà plus de 43h par semaine en comptant leur temps de préparation et de correction)
=> S'agit-il d'unifier l'horaire de travail en collège et en lycée pour tous les grades ? Les agrégés vont-ils perdre leurs 15 heures statutaires, eux qui sont malgré ces 3 heures de moins, mieux payés que les certifiés et les PLP ?
2. Les vacances, 14 à 16 semaines selon le lieu d'affectation, selon les examens (DNB, BAC). La France n'arrête pas de modifier son calendrier scolaire, au grand dam de tous les acteurs du tourisme, pour qui cette masse d'enfants et de parents constitue un sacré marché. L'organisation par zones de ces congés, leur périodicité, leur durée tout au long de l'année... tous les professeurs savent bien que les mois de septembre à décembre sont les plus éprouvants, les plus épuisants, et que les 2 semaines de la Toussaint sont absolument essentielles pour se reposer de 7 semaines de rentrée épuisantes, et que les congés de Noël de 2 semaines sont eux aussi parfaitement indispensables, pour se reposer de 7 semaines d'excitation collective des élèves qui en ont vraiment marre de bosser à 30 par classe, dans une atmosphère survoltée au fil des notes obtenues, avec des élèves qui posent des problèmes de comportement dans une quasi impunité, tellement les conseils de discipline sont rares.
=> Les professeurs vont-ils perdre 1, 2, 3, 4 semaines sur l'année ? Le Gouvernement dira que "le temps de l'enfant a été adapté pour son bien-être" (car celui du Professeur passe au second plan, lui est là pour "fonctionner" et "s'adapter").
=> Personne ne sait quel est le temps de vacances "de droit" des professeurs. Le Gouvernement va-t-il en profiter pour le définir à 8 semaines
par an comme les agents administratifs de l'Education nationale, pour "occuper à d'autres tâches" (stages de révision pour les élèves, devoirs faits, Pacte...) les enseignants ?
3. Les temps libres consacrés aux activités culturelles et sportives, avec de nombreux acteurs fort intéressés pour leur vendre des chaussures de sport, des équipements spécifiques selon leurs choix. Sans compter les assureurs toujours intéressés pour assurer le vol éventuel du matériel, la pratique sportive risquée...
=> la durée des "cours" sera-t-elle réduite comme en Allemagne à 45 mn ? (ce qui serait le plus logique, pour que la journée de cours tienne sur 7h45 à 13h45). Quelles disciplines perdront des heures ? Celles qui sont en pénurie de professeurs, justement ?
4. Le temps chez soi: scotché à lire un bon roman ? A s'abreuver de jeux vidéos dès leurs 10 ans mais réservés à des plus de 18 ans ? A surfer sur les réseaux sociaux depuis ce magnifique smartphone à 500,00 € offerts par de généreux parents qui veulent à la fois pister leur enfant sur le chemin de l'école par une application GPS, et avoir la paix le soir en rentrant chez eux ? Chacun sur son écran en main ? Les collégiens dès la 5e le disent : dans 80% des cas, ils passent au moins 5 heures par jour sur les réseaux sociaux. Bientôt plus qu'une journée d'école. Ce smartphone, c'est un vrai fléau, et l'Education nationale se réveille toujours trop tard, quand une habitude est profondément installée, et qu'elle a fait plus de mal que de bien.
=> Alors, cette interdiction du smartphone à l'école et au collège, ça vient ? Les ministres de l'Education nationale qui se sont succédé à bon rythme depuis 3 ans en ont tous parlé, l'ont tous promis, et se sont au final tous défilés, refilant la patate chaude au suivant. Car l'action du politique, ce sont des déclarations, des promesses, pour montrer qu'il/elle "agit".
Professeur, tu l'auras compris: le temps de l'enfant, c'est une manipulation habile destinée à réduire tes vacances, allonger ton temps de présence en
établissement, bref, dégrader tes modalités d'emploi, après avoir reculé l'accès à ton métier de 2 ans, tout en maintenant 2 ans d'études en plus après concours. Si après tout ça, tu es encore
professeur, ça veut dire que tout gouvernement peut t'imposer
ce qu'il veut, comptant sur la passion personnelle que tu éprouves pour l'enseignement, pour ne rien dire, résigné.
Le pompon, c'est l'engagement de 4 ans de la prochaine réforme de la formation (2026) en plein papy-boom où les emplois à pourvoir dans le Public comme dans le Privé ne manqueront pas, pour t'empêcher ensuite de repartir en t'imposant des "nécessités de service" chaque fois que tu demanderas :
- un temps partiel
- un mi-temps
- un détachement
- une disponibilité pour convenances personnelles
- un congé de formation (le temps d'attente dépasse 7 ans en moyenne...)
- ... et même ta démission !
Sur EDUCAVOX nous avons approfondi cette analyse

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