Devenue professeur à 27 ans, elle s'y épuise et à 54 ans, se demande quoi faire d'autre


A 54 ans, professeur agrégé en collège, elle bénéficie d'un bon salaire et d'une sécurité de l'emploi. Pourtant, après 27 ans d'ancienneté, elle ne se voit pas vieillir dans ce métier, cela devient de plus en plus difficile, surtout avec la perspective de devoir travailler jusqu'à 70 ans pour obtenir sa retraite à taux plein...

 

Qu'est-ce qui vous a attiré vers ce métier de professeur ? 

Je suis devenue professeur car c'était la suite logique dans mes études. C'était donc mon premier métier.

Au début rien ne m'attirait, bien au contraire. J'ai pensé que je quitterais très vite l'EN. Puis je me suis attachée aux jeunes collégiens que j'avais sous les yeux et j'ai pris conscience de l'affection énorme qu'ils envoyaient. J'ai eu très tôt l'impression puis la conviction que l'école faisait fausse route et j'ai décidé de faire mon métier en accord avec ce à quoi je crois. Ce faisant, j'étais complètement à contre-courant : apprentissage par l'observation et l'entraînement, pas de devoirs, pas de "par coeur", développement de l'esprit critique et de la personnalité, respect de l'opinion et des disparités de chacun...Ainsi, je me sens réellement utile et je sais que j'ai profondément marqué mes élèves.

 

Vous sentez-vous en difficulté(s), et de quelle nature ? 

 

Professeur a été mon premier métier, mais après 7 ou 8 ans, je l'ai complété avec une activité complémentaire dans le privé qui a pris des formes très variées.

J'ai toujours adoré l'enseignement et surtout les collégiens. Toutefois, ces vingt années à travailler en parallèle dans le privé m'ont rendu progressivement insupportable la lourdeur de la hiérarchie, l'esprit souvent étroit des collègues et l'ingérence croissante, agressive et stupide de certains parents d'élèves. Je n'ai plus du tout l'impression d'enseigner et d'aider les jeunes esprits, mais de dresser des animaux sauvages, sous les ordres et le contrôle de quelques petits chefs.

 

Je ne supporte plus l'aveuglement dans lequel on nous oblige à travailler, l'obligation de nous conformer aux étiquettes des prétendus "professionnels de santé", alors que les problèmes qu'ils ont mis en évidence sont si clairement dus à un problème d'éducation ou d'hygiène de vie.

 

Mon expérience dans le privé a développé mon esprit d'analyse et ma réactivité face à des situations où il faut être efficace. Dans l'EN, on ne me demande même plus d'être efficace. Il faut juste qu'il n'y ait pas de vagues, que les parents ne portent pas plainte et qu'il y ait un bon taux de réussite au brevet. Pour ces piètres objectifs, on sacrifie tout.

 

J'aimais nourrir les esprits, faire un travail de fond, préparer leur critique, leur jugement... Ces objectifs prennent du temps. Je me sens de plus en plus contrariée dans l'exercice du métier tel que je le conçois.

Je ne dis pas que je ne veux plus enseigner, mais je sens que je m'épuise à faire un travail auquel je ne crois pas. Peut-être que je devrais juste changer d'établissement ou de structure.

 

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POUR CHANGER DE METIER, EXPLOREZ APRESPROF

 


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