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Je veux partir, démissionner...


Elle est jeune, à peine 4 ans d'ancienneté, affectée dans une académie d'Ile-de-France où le pouvoir d'achat d'un professeur est faible en regard de la cherté des loyers, de l'alimentation, malgré un niveau Bac+5.

 

1. Quelles ont été mes motivations à devenir professeur ?

J’ai fait un M1 Histoire et Audiovisuel mais j’ai vite vu que les anciens élèves avaient des difficultés à trouver un emploi. J’avais peur de me retrouver sans débouchés professionnels et je savais que ma famille ne pouvait pas continuer à m’aider financièrement dans le cas d’une réorientation et de nouvelles études. Je ne savais donc pas si je devais terminer mon master ou me réorienter. J’ai pris une année de césure pour réfléchir à mon avenir professionnel et je suis partie à l'étranger pour être assistante de française dans un collège/lycée. L’expérience a été plutôt bonne et j’ai donc décidé de faire un master MEEF 1er degré et de passer le CRPE. 

 

2. Quelles sont mes disciplines d'enseignement ? Quelles compétences m'a apporté ma pratique d'enseignant(e) et comment ? 

Mes disciplines d’enseignement sont à la fois vastes et réduites. Du fait que je sois professeur des écoles, j’ai été formée à enseigner toutes les disciplines.

 

Cependant, depuis ma titularisation, je n’ai quasiment fait que de la maternelle et de la PS qui plus est. A présent, mes souvenirs de cours de mathématiques de l’ESPE pour préparer le concours me semblent loin et je ne sais même pas si je réussirais encore l’épreuve écrite. Je ne sais pas si je pourrais dire que ma pratique d’enseignante m’a réellement apporté des compétences, si ce n’est que je pense avoir gagné des compétences humaines comme la patience et l’adaptabilité mais aussi la résignation et le lâcher-prise. Parce que j’ai toujours eu des postes fractionnés jusqu’à cette année, je n’ai jamais pu mener de projets à terme car les enseignants titulaires ne m’en laissaient pas l’opportunité et préféraient que je poursuive ce qu’ils mettaient en place. Mes réussites : avoir peut-être permis à des enfants de 3 ans de découvrir l’école et de s’y épanouir, d’avoir rassuré des parents inquiets, d’avoir réconcilié des parents d’enfants en difficulté avec l’École.

 

3. Suis-je actuellement en difficulté professionnelle et pourquoi ? 

Je suis en difficulté professionnelle sur un plan émotionnel et physique. J’ai le temps et je n’ai pas de difficulté technique à faire mon cahier journal pour la semaine, mes fiches de prép, à préparer le matériel, à découper/à massicoter/à plastifier. J’arrive à me fixer des objectifs pour chaque période et j’arrive à les atteindre.

 

En revanche, je suis fatiguée physiquement. Je dois me lever tous les matins à 5h20 et je ne rentre qu’entre 18h30 et 19h (transports en commun, préparation du matériel, etc). J’ai de plus en plus de mal à accepter ce rythme de vie qui a un sérieux impact sur ma vie privée. Je n’ai pas l’impression d’être assez valorisée (au niveau du salaire comme de la reconnaissance sociale) pour subir cela.

 

Je suis également fatiguée de devoir élever les enfants à la place des parents, de devoir gérer des enfants insolents qui tapent leurs parents sous mes yeux (alors que je suis dans une école dans un quartier de classe moyenne voir classe moyenne +), qui répondent etc….

 

Je suis fatiguée de devoir m’improviser AVS/garde du corps/bouclier humain pour les élèves relevant sur le papier de la MDPH et qui nécessiteraient un aménagement de la scolarité et qui n’en ont pourtant pas car les équipes éducatives prennent des mois à se monter et les décisions des mois supplémentaires à s’appliquer.

 

Je n’ai plus envie de faire face à des parents qui considèrent l’école comme un service à la carte et personnalisable qu’ils payent par le biais d’impôts et qui estiment ainsi avoir un droit de regard/de décision sur mes choix pédagogiques.

 

La hiérarchie inhumaine et inaccessible m’a également désabusé. J’en ai assez de devoir prendre sur mon argent personnel pour acheter des choses pour ma classe (choses qui ne tombent jamais ni dans le budget mairie, ni dans la coop donc pour ma pomme). Je n’ai pas/plus la petite étincelle de la vocation qui me fait encore tenir et rester pour les enfants.

 

Depuis plusieurs mois, je vais le matin à l’école avec la boule au ventre et je me dis régulièrement, alors que je suis devant les enfants (et même s’il y a des enfants tout mignons), que je veux partir, démissionner, rentrer chez moi et faire autre chose.

 

4. Qu'est-ce qui me donne envie d'évoluer professionnellement, et quels sont mes objectifs? 

Mon mal-être en tant que professeur des écoles et mon début de dépression me donnent envie de bouger professionnellement. Je sais que je ne veux plus enseigner (ce n’est plus une histoire de distance école/domicile ou d’âge des élèves).

 

C’est réellement un métier qui ne m’intéresse plus et qui n’est plus fait pour moi. Je ne veux donc pas essayer d’avoir une petite classe parfaite pas loin de chez moi car ça ne résoudrait absolument pas mes problèmes. Mon objectif serait de trouver un emploi, soit dans l’administration, soit dans un tout autre domaine. Mon objectif est donc la reconversion professionnelle.

 


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Commentaires: 1
  • #1

    Arnaud (dimanche, 14 février 2021 09:48)

    En effet on a bien des dépenses perso pour assurer les préparations etc..
    Et je me souviens d'un directeur (un peu dérangé psychologiquement) qui m'avait reproché d'avoir fait quelques photocopies pour une association de soutien à une école en Inde dont je suis le président. Un élément parmi d'autres quo m'a poussé à dégraisser le mammouth.